Lorsque Norec retrouva France Gomez trois quarts d'heure plus tard, celle-ci n’avait pas changé de position. Gaëtan s’installa en silence sur sa chaise, alluma son ordinateur et commença à rédiger le rapport du dernier interrogatoire de Mademoiselle Sonia Mayol. Il avait l’habitude des longs silences de sa chef qui offrait l’impression de rêvasser à ne rien faire, en contemplant le ciel ou le plafond. Au fil des années, il avait appris à se faire oublier dans son coin jusqu’au moment où elle prononçait un mot, une phrase, qui enclenchait alors l’amorce de leur débat. Tel le célèbre « élémentaire mon cher Watson ». Pourtant, Norec n’avait jamais trouvé qu’une quelconque affaire fut élémentaire. Bien au contraire.
- Alors, dites-moi Norec. Possède-t’elle un jeu de clés ?
- Oui. Dit-il, sans lever les yeux de son ordinateur, ni interrompre le tapotement de ses doigts sur le clavier.
Gomez s’étira longuement puis bascula ses jambes par-dessus le bureau. Elle se mit debout et commença à faire les cent pas dans l’espace étroit qui leur était dévolu.
- J’entends que derrière votre « oui » vous pensez qu’elle n’est pas coupable. Expliquez-vous.
- La grille…
- Comment ça la grille. Quelle grille ? Lâchez le scoop Norec, s’il vous plait !
- La grille du restaurant fait un bruit épouvantable. Impossible de la déployer sans alerter tout le voisinage, qui par ailleurs proteste régulièrement. J’ai vérifié : trois doléances déposées auprès de l’antenne de police du quartier ! Sonia Mayol possède bien les clés, mais il est impossible d’après elle, d’entrer ou sortir discrètement par l’accès donnant sur la rue. Donc, si Voltaire a eu un rendez-vous après minuit le soir du meurtre, il a certainement dû prendre une autre porte.
- Existe-t’il une seconde entrée à l’arrière ?
- Sans doute, dans la cour. Mais il faut franchir la porte de l’immeuble, et donc posséder également le code. De toute façon, Sonia Mayol n’est même pas certaine de l’existence de cette porte.
- Où était-elle la nuit du meurtre ?
- Toute seule, chez elle. Célibataire
- L’époque est au célibat… ce qui complique le travail des flics.
- Oui, mais sa gardienne confirme que Mayol n’a pas quitté son appartement. Sa vie est apparemment bien réglée. Le mardi, elle joue aux cartes avec les voisines du troisième étage, le mercredi elle reçoit sa sœur, le vendredi elle va au cinéma. Vous désirez son programme du week-end ?
- Non merci, je ne pense pas que ce soit particulièrement excitant, ni instructif.
Gomez poursuivait sa déambulation en silence. Tête baissée, bras croisés.
- Bon, se dit-elle à haute voix. On va déjà commencer par vérifier de ce côté-là...
Elle revint vers son bureau, attrapa le téléphone et fouilla dans la paperasse qui s’empilait sur le coin. Elle trouva enfin ce qu’elle cherchait et composa le numéro de Tristan.
- Bonjour Monsieur Lézard, je ne vous dérange pas ? … J’ai quelques points à éclaircir avec vous. Non, non, il n’est pas nécessaire de vous déplacer, nous pouvons nous en acquitter par téléphone…
Quelques minutes plus tard, FG confirma qu’en effet la grille du restaurant produisait un son considérable et qu’il existait bien une seconde porte donnant sur l’arrière-cour, uniquement employée pour sortir les poubelles. Tristan était le seul à détenir un trousseau complet, ce dont Mademoiselle Mayol en effet se désolait, car lorsqu’elle venait le jour de fermeture hebdomadaire pour s’occuper des comptes, il lui fallait ouvrir cette fameuse grille et elle manquait à chaque fois de se pincer les doigts. Cependant, Tristan lui refusait l’accès par la cour, car d’une part la serrure était en mauvais état, et d’autre part, Lézard ne souhaitait voir personne pas même Antoine, trainer dans sa cuisine. À cet instant, le trousseau était suspendu à un clou dans l’entrée de l’appartement (Gomez entendit nettement le tintement du métal), et lorsqu’il était au travail, la veste et le trousseau demeuraient dans la penderie de la salle du restaurant, afin que les vêtements n’absorbent pas les odeurs de cuisson.
- Donc, n’importe qui a pu discrètement fouiller les poches de la veste, dérober les clés, en faire une copie et les remettre à leur place une heure plus tard, ni vu ni connu. Conclut Norec dans un soupir.
- Élémentaire mon cher Watson !
Elle plaisantait, mais elle percevait bien que la piste « Mademoiselle Mayol s’évaporait, perdait de sa substance. Assise sur une fesse à l’angle de son bureau, France grattait des taches invisibles sur le meuble. Elle ruminait, car elle estimait frôler le but : une histoire de jalousie et de déception amoureuse. Elle en était certaine. Élodie, c’était la cerise sur le gâteau, le crime de gourmandise. Le sésame, c’était Voltaire. Il fallait définitivement chercher dans le passé de Tristan Lézard.
Elle se redressa vivement et se tourna vers Gaëtan, qui poursuivait paisiblement ses tapotements sur le clavier. Il ne s’inquiétait pas. Il savait que toutes les notes, les flèches et autres ratures déposées dans le carnet et rassemblées sur des fiches cartonnées, étaient en train de s’assembler dans la tête bien faite de sa commissaire. Le meilleur moyen de lui venir en aide était de se taire. Il attendait donc. Qu’elle prenne sa décision, et plonge dans le bourbier de l’enquête.
- Norec, on se réveille ! Et cessez de marteler votre engin, il faut que je vous parle ! Prenez un billet de train pour…non attendez, nous allons nous y prendre autrement, car vous êtes toujours persuadé que Lézard est le meurtrier.
- Mes convictions personnelles n’ont rien à voir …
- Peu importe, Norec, nous avons mieux à faire que polémiquer. Téléphonez à la brigade d’Auxerre et demandez qu’une voiture et un chauffeur nous attendent à la gare, puis nous conduise jusqu’à…, courbée au-dessus de la boite des sablés Bretons, elle consultait les fiches « électrons » : Noyers sur Serein, où se trouve la maison de la mère de Tristan. Prenez deux billets. Vous voyez, je ne vous écarte pas, vous m’accompagnez, c’est différent.
Norec, consultait déjà le site de billetterie SNCF
- Le prochain train part dans 1 h 20 Gare de Bercy, arrivée à Auxerre à 16h14. Ensuite, il nous faudra environ une demi-heure de trajet pour parvenir jusqu’à Noyers.
- Très bien. Chargez-vous des billets et du chauffeur, de mon côté je préviens Madame Lézard
- Lily, tout simplement
- Si vous voulez, Gaëtan. Si vous voulez…
La commissaire et son adjoint se retrouvèrent aux alentours de 17h00, devant une charmante maison envahie de rosiers grimpants et odorants, construite en bordure d’une petite route baptisée, la Vallée d’amour.
- Vous pensez qu’elle a choisi cette maison à cause du nom de la rue ?
- Je ne sais pas Norec, il faudra le lui demander.
La porte s’ouvrit sur une très belle femme âgée, aux cheveux mi-longs couleur de lune argentée. Elle se tenait très droite, et semblait ainsi plus grande qu’elle n’était en réalité. Son sourire était l’exacte réplique de celui de Lézard, quand il abandonnait sa mine fermée.
- Bonjour, entrez je vous en prie, nous vous attendions.
- Bonjour Madame, répondit aussitôt France Gomez, nous sommes navrés de venir vous déranger dans votre retraite paisible.
- Lily, tout simplement
- Comme il vous plaira…
- Rassurez-vous, vous ne nous dérangez pas du tout, bien au contraire, car parfois nous trouvons vie à la campagne peu trop calme, Mireille et moi. Et si je peux aider mon fils, c’est la moindre des choses que de vous recevoir. Quand bien même vous êtes de la police ! Je vous en prie, asseyez-vous.
Lily désigna un profond canapé en cuir sombre, usé et égratigné par le chat de la maison. Certaines griffures étaient camouflées par un assortiment de plaids multicolores et de coussins frangés de pompons en laines, œuvres de Mireille, quand elle s’ennuyait les jours de pluie. Mireille qui arrivait justement, avec un plateau sur lequel étaient disposées des tasses et une énorme théière anglaise en porcelaine blanche couverte de guirlandes de roses. Elle posa le tout sur la table basse, et procéda au service en prenant soin de répartir équitablement la quantité de thé, de lait et de sucre. Pendant tout le temps que dura le cérémonial, pas un mot ne fut échangé. Enfin, chacun se retrouva avec tasses et soucoupes, serties du portrait de la Reine d’Angleterre, de la princesse Diana ou de Big-Ben. Norec avait quand à lui, la chance de tenir entre ses mains un vieux mug aux couleurs de l’équipe de Manchester, avec la jolie gueule de Beckham hurlant sa joie après un but victorieux. Gaëtan n’aimait ni le thé, ni le foot, aussi le mug demeura-t-il sur ces genoux, la photo du blondinet tournée vers l’extérieur.
Gomez absorba délicatement une gorgée de thé brulant, qui à son grand étonnement était délicieux. Campée sur le bord du canapé, genoux serrés et dos bien droit, elle formula sa première question de son habituelle voix de directeur de conscience.
- Nous souhaiterions vous poser quelques questions à propos de votre fils Tristan Lézard. Pourriez-vous nous dire si Michel Dromel, surnommé Voltaire, était le père de votre enfant ?
- Non, Michel n’était pas son père. De toute façon, c’est sans importance, répondit Lily en agitant sa main comme si elle éloignait une mouche inopportune.
- Voltaire espérait-il être le père de Tristan ?
- Que voulez-vous que je vous dise ? Sans doute, oui…mais sincèrement, je n’en sais rien.
- Était-il au courant de la présence du petit garçon caché dans l’armoire ?
- Non, comme aucun des visiteurs.
- Quels rapports entreteniez-vous avec Voltaire, était-il votre souteneur ?
- Nous étions amoureux, à notre manière. Amis, amants, confidents... Nous avons vieilli ensemble et traversé ensemble quelques épreuves. Il a toujours été là, même dans les pires moments.
- Tristan fréquentait-il des amis durant cette période ? Je veux dire, jusqu’à ces quatorze ans.
- Oui, bien sûr. Antoine, par exemple.
- D’autres enfants, dont vous vous rappelleriez le nom ?
Lily réfléchit un moment, tripotant d’une main un des pompons orange qui ornait le coussin abandonné sur son fauteuil.
- Il y avait toute une bande de gentils garnements qui trainaient sur les escaliers de Montmartre après l’école. Voyons que je me rappelle… Il y avait Momo, et la petite cerise, je me souviens également d’Éric qui rasait les poils de ses bras pour être plus viril, voyez-vous çà ! Et puis, Antoine bien sur, et la grande Véronique, qui voulait toujours commander. Ah ! je me souvient de certaines disputes…
- Véronique et Tristan ne s’entendaient pas ?
- Oh si ! Mais vous savez comment sont les gamins à cet âge. Des chamailleries sans plus... des histoires de filles et de garçons.
- Qu’est devenue Véronique ?
- Je n’en ai aucune idée.
- Mais si, souviens-toi ! intervint Mireille de sa petite voix chantante. La pauvre petite a été fauchée par une voiture. Le conducteur a pris la fuite, et on ne l’a jamais retrouvé ! Les parents ont quitté le quartier après cette tragédie.
- Oui, c’est vraie Mireille, tu as raison. Cette malheureuse histoire s’est produite peu après le départ de Tristan, et j’avoue qu’à l’époque j’avais mes propres soucis... j’ai mis ce drame de côté, je souffrais déjà bien assez de la disparition de mon petit.
- Parlez-moi du foulard rouge noué à la fenêtre.
- Tss-tss, vous savez tout comme moi, qu’il était jaune.
Lily se pencha vers la table basse et déposa sa tasse aux armoiries de la Reine d’Angleterre. Elle approcha sa main d’une bonbonnière représentant un caniche mauve docilement couché et souleva le chien de son panier en céramique, à l’intérieur duquel étaient soigneusement alignées de fines cigarettes. Elle proposa à la commissaire de se servir. France refusa poliment et jeta un rapide coup d’œil à Norec afin qu’il résiste également. Lily alluma sa cigarette, absorba une longue bouffée de fumée odorante et reprit la conversation, bien calée dans son fauteuil.
- Vous me jugez n'est-ce pas ? Pourtant, je ne pense pas que votre vie privée soit exemplaire ? Cela coûte cher des chaussures comme celles que vous portez en ce moment, et ce sac…c’est une marque discrète, mais luxueuse. Je ne savais pas que les salaires des flics avaient à ce point augmenté depuis mon époque…
- Mes parents sont riches…et Gomez s’en voulut aussitôt de cette réponse.
- Qu’importe, ce ne sont pas mes affaires, ne vous mêlez pas des miennes. Je sais que Tristan est un garçon étrange, parfois très cassant avec les femmes. Je peux le comprendre…
Lily absorba une nouvelle dose de fumée aromatisée au menthol, tandis qu’une ombre passa dans son regard. Elle chassa la fumée devant son visage et poursuivit :
- Mais je sais qu’il est incapable de cruauté délibérée. Ce n’est pas un lâche, il ne s’est jamais permis de laisser croire à une femme qu’il fût disponible ou amoureux.
- Vous pensez qu’il puisse l’être ?
- Vous me le direz…
- Non. Vous avez mal interprété ma question. Pensez-vous qu’il puisse être un meurtrier, puisqu’il est incapable d’aimer ?
- Vous vous contredisez.
- Je ne pense pas.
Le silence s’installa. Mireille s’empressa de proposer à la policière encore un peu de thé. France accepta, et en profita pour mêler doucement le liquide ambré et le nuage de lait, et s’offrir quelques secondes supplémentaires de réflexion. Lily ne craignait apparemment pas les silences. Ni les flics. En fait, sous son air de vieille dame douce et effacée, auréolée de vaisselles de petite fille et de fanfreluches attrape-poussières, elle cachait une intelligence fine légèrement cynique. La commissaire découvrait qu’elle ne possédait plus la main sur la partie en train de se dérouler. Lily jouait la comédie de la politesse, et semblait s’amuser beaucoup à l’affronter sur son propre terrain. Elle décida de passer en mode direct.
- Qui était Momo ?
- Le fils de l’épicier du quartier. Les jours de pluie, les enfants se retrouvaient souvent chez lui. La mère de Momo possédait toujours tout un tas de cochonneries sucrées dans les placards. Les enfants raffolaient trainer chez Momo.
- Antoine ?
Lily éteignit sa cigarette dans un cendrier qui représentait une île, cernée par une mer turquoise affublée d’un unique palmier vert pomme. Le reliquat de fumée s’engouffra dans le volcan dressé sur le bord de la soucoupe, où était calligraphié « souvenir de la Martinique ».
- Le meilleur ami de Tristan. Son frère, sa moitié. Vous le savez bien. La maman d’Antoine était une amie très proche à l’époque. Elle est morte d’une saloperie de cancer, voici dix ans. Tristan passait souvent ces nuits, ou parfois des weekends chez eux. Le couple m’aidait beaucoup.
- Le père d’Antoine est toujours en vie ?
- Je ne sais pas. Demandez donc à son fils.
- Petite Framboise ?
- Petite Cerise. Oh ! Elle, c’est Douchka... Mais tout le monde l’appelait Petite Cerise, ou Cerise, tout court. Elle était ravissante, une vraie poupée ! Blonde comme le sable, toute menue, gracieuse, avec d’immenses yeux gris. Je me souviens bien d’elle, car sa maman faisait le meilleur pain perdu du quartier. Tristan m’en réclamait toujours, mais il protestait, car les miens n’étaient jamais aussi délicieux ! Sans doute l’association sabayon/marmelade que Katrin réalisait comme personne.
- Sabayon ?
- Mais oui, vous savez bien ! Ce mélange de jaunes d’œufs et de crème fluide que l’on fouette sur le feu pour obtenir une mousse légère…Katrin m’expliquait qu’elle battait longuement la préparation et qu’elle ajoutait quelques grains de vanille. N’empêche, je n’ai jamais réussi à faire aussi bien. Je crois que son truc, c’était d’ajouter une petite cuillère de son eau de vie à l’orange amère en fin de cuisson. L’alcool s’évaporait, mais le délicat parfum de marmelade demeurait. J’ai bien essayé d’acheter de la confiture d’oranges chez le papa de Momo, mais ce n’était pas pareil.
FG ne prêtait déjà plus attention à tous les détails. Sa respiration s’accéléra.
- Qu’elle âge avez-vous dit qu’avait Douchka ?
- Je ne vous ai rien dit.
- Quel âge, s’il vous plait ! Gomez retenait mal son excitation, et ces palabres commençaient à l’agacer.
- Elle était plus jeune que les garçons de la bande. Cinq ou six ans de moins, je pense.
- Elle trainait souvent avec eux ?
- Toujours. Elle suivait Tristan comme son ombre. Sa petite ombre, fidèle et silencieuse. Tristan ne la remarquait même plus. Je me rappelle qu’elle a été inconsolable lorsqu’il est parti brusquement à quatorze ans, sans un mot d’explication ni un adieu à ses copains. Elle allait avoir dix ans et m’affirmait qu’elle devenait enfin une femme, comme Véronique, et qu’ils pourraient se marier…Pauvre Petite Cerise, je ne sais pas où elle se trouve aujourd’hui.
- Moi si ! S’exclama Gomez emportée par son impulsion.
- Mais de qui parlez-vous ? Demanda Norec, qui n’avait pas bougé d’un pouce depuis le début de la conversation.
- D’Oriel Wisnia. Mais qui lorsqu’elle était enfant s’appelait Douchka Wisnewski. C’est bien ça, Lily ?
- Oui. Wisnewski, la petite griotte.
- Mais chef, Oriel est plutôt très brune !?
FG soupira, impatiente : Norec était décidément buté sur la culpabilité de Tristan.
- Vous n’avez jamais entendu parler de coloration ou de perruque ?
L’œil bleu ardoise de Gaëtan commença à battre de l’aile, ses mains s’agitèrent nerveusement et, craignant de répandre le thé, froid maintenant, sur ces genoux, il déposa prudemment le mug sur la table basse. Il s’en voulait de ne pas avoir saisi plus tôt l’évidence, mais il résista cependant pour la forme, et ne put s’empêcher de poser une question à sa chef.
- Comment savez-vous pour Wisnia ?
- C’est le diminutif du nom polonais complet : Wisnewski, qui veut dire cerise ou griotte… J’ai des parents polonais.
Et devant le regard surpris de son assistant, elle ajouta :
- Je sais Norec, Gomez n’est pas un nom polonais, mais si vous voulez bien, je vous expliquerai ce détail une autre fois. Pour le moment, prévenez Paris que nous rentrons et que l’équipe se prépare à intervenir dès notre arrivée. Quand passe le prochain train ?
- Nous venons de le rater. Le suivant n’est pas un direct, nous serons rendus à Paris vers 21 h.
- Pourvu que nous n’arrivions pas trop tard…
- Que craignez-vous ?
- Douchka les a invités à diner, justement ce soir. Elle devait sentir que le vent était en train de tourner. Saperlipopette, j’aurais dû comprendre… se fiancer au bout de quatre mois !!
- Crêpes Suzette au menu ?
- Vous n’êtes pas drôle, Norec.
- Alors, dites-moi Norec. Possède-t’elle un jeu de clés ?
- Oui. Dit-il, sans lever les yeux de son ordinateur, ni interrompre le tapotement de ses doigts sur le clavier.
Gomez s’étira longuement puis bascula ses jambes par-dessus le bureau. Elle se mit debout et commença à faire les cent pas dans l’espace étroit qui leur était dévolu.
- J’entends que derrière votre « oui » vous pensez qu’elle n’est pas coupable. Expliquez-vous.
- La grille…
- Comment ça la grille. Quelle grille ? Lâchez le scoop Norec, s’il vous plait !
- La grille du restaurant fait un bruit épouvantable. Impossible de la déployer sans alerter tout le voisinage, qui par ailleurs proteste régulièrement. J’ai vérifié : trois doléances déposées auprès de l’antenne de police du quartier ! Sonia Mayol possède bien les clés, mais il est impossible d’après elle, d’entrer ou sortir discrètement par l’accès donnant sur la rue. Donc, si Voltaire a eu un rendez-vous après minuit le soir du meurtre, il a certainement dû prendre une autre porte.
- Existe-t’il une seconde entrée à l’arrière ?
- Sans doute, dans la cour. Mais il faut franchir la porte de l’immeuble, et donc posséder également le code. De toute façon, Sonia Mayol n’est même pas certaine de l’existence de cette porte.
- Où était-elle la nuit du meurtre ?
- Toute seule, chez elle. Célibataire
- L’époque est au célibat… ce qui complique le travail des flics.
- Oui, mais sa gardienne confirme que Mayol n’a pas quitté son appartement. Sa vie est apparemment bien réglée. Le mardi, elle joue aux cartes avec les voisines du troisième étage, le mercredi elle reçoit sa sœur, le vendredi elle va au cinéma. Vous désirez son programme du week-end ?
- Non merci, je ne pense pas que ce soit particulièrement excitant, ni instructif.
Gomez poursuivait sa déambulation en silence. Tête baissée, bras croisés.
- Bon, se dit-elle à haute voix. On va déjà commencer par vérifier de ce côté-là...
Elle revint vers son bureau, attrapa le téléphone et fouilla dans la paperasse qui s’empilait sur le coin. Elle trouva enfin ce qu’elle cherchait et composa le numéro de Tristan.
- Bonjour Monsieur Lézard, je ne vous dérange pas ? … J’ai quelques points à éclaircir avec vous. Non, non, il n’est pas nécessaire de vous déplacer, nous pouvons nous en acquitter par téléphone…
Quelques minutes plus tard, FG confirma qu’en effet la grille du restaurant produisait un son considérable et qu’il existait bien une seconde porte donnant sur l’arrière-cour, uniquement employée pour sortir les poubelles. Tristan était le seul à détenir un trousseau complet, ce dont Mademoiselle Mayol en effet se désolait, car lorsqu’elle venait le jour de fermeture hebdomadaire pour s’occuper des comptes, il lui fallait ouvrir cette fameuse grille et elle manquait à chaque fois de se pincer les doigts. Cependant, Tristan lui refusait l’accès par la cour, car d’une part la serrure était en mauvais état, et d’autre part, Lézard ne souhaitait voir personne pas même Antoine, trainer dans sa cuisine. À cet instant, le trousseau était suspendu à un clou dans l’entrée de l’appartement (Gomez entendit nettement le tintement du métal), et lorsqu’il était au travail, la veste et le trousseau demeuraient dans la penderie de la salle du restaurant, afin que les vêtements n’absorbent pas les odeurs de cuisson.
- Donc, n’importe qui a pu discrètement fouiller les poches de la veste, dérober les clés, en faire une copie et les remettre à leur place une heure plus tard, ni vu ni connu. Conclut Norec dans un soupir.
- Élémentaire mon cher Watson !
Elle plaisantait, mais elle percevait bien que la piste « Mademoiselle Mayol s’évaporait, perdait de sa substance. Assise sur une fesse à l’angle de son bureau, France grattait des taches invisibles sur le meuble. Elle ruminait, car elle estimait frôler le but : une histoire de jalousie et de déception amoureuse. Elle en était certaine. Élodie, c’était la cerise sur le gâteau, le crime de gourmandise. Le sésame, c’était Voltaire. Il fallait définitivement chercher dans le passé de Tristan Lézard.
Elle se redressa vivement et se tourna vers Gaëtan, qui poursuivait paisiblement ses tapotements sur le clavier. Il ne s’inquiétait pas. Il savait que toutes les notes, les flèches et autres ratures déposées dans le carnet et rassemblées sur des fiches cartonnées, étaient en train de s’assembler dans la tête bien faite de sa commissaire. Le meilleur moyen de lui venir en aide était de se taire. Il attendait donc. Qu’elle prenne sa décision, et plonge dans le bourbier de l’enquête.
- Norec, on se réveille ! Et cessez de marteler votre engin, il faut que je vous parle ! Prenez un billet de train pour…non attendez, nous allons nous y prendre autrement, car vous êtes toujours persuadé que Lézard est le meurtrier.
- Mes convictions personnelles n’ont rien à voir …
- Peu importe, Norec, nous avons mieux à faire que polémiquer. Téléphonez à la brigade d’Auxerre et demandez qu’une voiture et un chauffeur nous attendent à la gare, puis nous conduise jusqu’à…, courbée au-dessus de la boite des sablés Bretons, elle consultait les fiches « électrons » : Noyers sur Serein, où se trouve la maison de la mère de Tristan. Prenez deux billets. Vous voyez, je ne vous écarte pas, vous m’accompagnez, c’est différent.
Norec, consultait déjà le site de billetterie SNCF
- Le prochain train part dans 1 h 20 Gare de Bercy, arrivée à Auxerre à 16h14. Ensuite, il nous faudra environ une demi-heure de trajet pour parvenir jusqu’à Noyers.
- Très bien. Chargez-vous des billets et du chauffeur, de mon côté je préviens Madame Lézard
- Lily, tout simplement
- Si vous voulez, Gaëtan. Si vous voulez…
La commissaire et son adjoint se retrouvèrent aux alentours de 17h00, devant une charmante maison envahie de rosiers grimpants et odorants, construite en bordure d’une petite route baptisée, la Vallée d’amour.
- Vous pensez qu’elle a choisi cette maison à cause du nom de la rue ?
- Je ne sais pas Norec, il faudra le lui demander.
La porte s’ouvrit sur une très belle femme âgée, aux cheveux mi-longs couleur de lune argentée. Elle se tenait très droite, et semblait ainsi plus grande qu’elle n’était en réalité. Son sourire était l’exacte réplique de celui de Lézard, quand il abandonnait sa mine fermée.
- Bonjour, entrez je vous en prie, nous vous attendions.
- Bonjour Madame, répondit aussitôt France Gomez, nous sommes navrés de venir vous déranger dans votre retraite paisible.
- Lily, tout simplement
- Comme il vous plaira…
- Rassurez-vous, vous ne nous dérangez pas du tout, bien au contraire, car parfois nous trouvons vie à la campagne peu trop calme, Mireille et moi. Et si je peux aider mon fils, c’est la moindre des choses que de vous recevoir. Quand bien même vous êtes de la police ! Je vous en prie, asseyez-vous.
Lily désigna un profond canapé en cuir sombre, usé et égratigné par le chat de la maison. Certaines griffures étaient camouflées par un assortiment de plaids multicolores et de coussins frangés de pompons en laines, œuvres de Mireille, quand elle s’ennuyait les jours de pluie. Mireille qui arrivait justement, avec un plateau sur lequel étaient disposées des tasses et une énorme théière anglaise en porcelaine blanche couverte de guirlandes de roses. Elle posa le tout sur la table basse, et procéda au service en prenant soin de répartir équitablement la quantité de thé, de lait et de sucre. Pendant tout le temps que dura le cérémonial, pas un mot ne fut échangé. Enfin, chacun se retrouva avec tasses et soucoupes, serties du portrait de la Reine d’Angleterre, de la princesse Diana ou de Big-Ben. Norec avait quand à lui, la chance de tenir entre ses mains un vieux mug aux couleurs de l’équipe de Manchester, avec la jolie gueule de Beckham hurlant sa joie après un but victorieux. Gaëtan n’aimait ni le thé, ni le foot, aussi le mug demeura-t-il sur ces genoux, la photo du blondinet tournée vers l’extérieur.
Gomez absorba délicatement une gorgée de thé brulant, qui à son grand étonnement était délicieux. Campée sur le bord du canapé, genoux serrés et dos bien droit, elle formula sa première question de son habituelle voix de directeur de conscience.
- Nous souhaiterions vous poser quelques questions à propos de votre fils Tristan Lézard. Pourriez-vous nous dire si Michel Dromel, surnommé Voltaire, était le père de votre enfant ?
- Non, Michel n’était pas son père. De toute façon, c’est sans importance, répondit Lily en agitant sa main comme si elle éloignait une mouche inopportune.
- Voltaire espérait-il être le père de Tristan ?
- Que voulez-vous que je vous dise ? Sans doute, oui…mais sincèrement, je n’en sais rien.
- Était-il au courant de la présence du petit garçon caché dans l’armoire ?
- Non, comme aucun des visiteurs.
- Quels rapports entreteniez-vous avec Voltaire, était-il votre souteneur ?
- Nous étions amoureux, à notre manière. Amis, amants, confidents... Nous avons vieilli ensemble et traversé ensemble quelques épreuves. Il a toujours été là, même dans les pires moments.
- Tristan fréquentait-il des amis durant cette période ? Je veux dire, jusqu’à ces quatorze ans.
- Oui, bien sûr. Antoine, par exemple.
- D’autres enfants, dont vous vous rappelleriez le nom ?
Lily réfléchit un moment, tripotant d’une main un des pompons orange qui ornait le coussin abandonné sur son fauteuil.
- Il y avait toute une bande de gentils garnements qui trainaient sur les escaliers de Montmartre après l’école. Voyons que je me rappelle… Il y avait Momo, et la petite cerise, je me souviens également d’Éric qui rasait les poils de ses bras pour être plus viril, voyez-vous çà ! Et puis, Antoine bien sur, et la grande Véronique, qui voulait toujours commander. Ah ! je me souvient de certaines disputes…
- Véronique et Tristan ne s’entendaient pas ?
- Oh si ! Mais vous savez comment sont les gamins à cet âge. Des chamailleries sans plus... des histoires de filles et de garçons.
- Qu’est devenue Véronique ?
- Je n’en ai aucune idée.
- Mais si, souviens-toi ! intervint Mireille de sa petite voix chantante. La pauvre petite a été fauchée par une voiture. Le conducteur a pris la fuite, et on ne l’a jamais retrouvé ! Les parents ont quitté le quartier après cette tragédie.
- Oui, c’est vraie Mireille, tu as raison. Cette malheureuse histoire s’est produite peu après le départ de Tristan, et j’avoue qu’à l’époque j’avais mes propres soucis... j’ai mis ce drame de côté, je souffrais déjà bien assez de la disparition de mon petit.
- Parlez-moi du foulard rouge noué à la fenêtre.
- Tss-tss, vous savez tout comme moi, qu’il était jaune.
Lily se pencha vers la table basse et déposa sa tasse aux armoiries de la Reine d’Angleterre. Elle approcha sa main d’une bonbonnière représentant un caniche mauve docilement couché et souleva le chien de son panier en céramique, à l’intérieur duquel étaient soigneusement alignées de fines cigarettes. Elle proposa à la commissaire de se servir. France refusa poliment et jeta un rapide coup d’œil à Norec afin qu’il résiste également. Lily alluma sa cigarette, absorba une longue bouffée de fumée odorante et reprit la conversation, bien calée dans son fauteuil.
- Vous me jugez n'est-ce pas ? Pourtant, je ne pense pas que votre vie privée soit exemplaire ? Cela coûte cher des chaussures comme celles que vous portez en ce moment, et ce sac…c’est une marque discrète, mais luxueuse. Je ne savais pas que les salaires des flics avaient à ce point augmenté depuis mon époque…
- Mes parents sont riches…et Gomez s’en voulut aussitôt de cette réponse.
- Qu’importe, ce ne sont pas mes affaires, ne vous mêlez pas des miennes. Je sais que Tristan est un garçon étrange, parfois très cassant avec les femmes. Je peux le comprendre…
Lily absorba une nouvelle dose de fumée aromatisée au menthol, tandis qu’une ombre passa dans son regard. Elle chassa la fumée devant son visage et poursuivit :
- Mais je sais qu’il est incapable de cruauté délibérée. Ce n’est pas un lâche, il ne s’est jamais permis de laisser croire à une femme qu’il fût disponible ou amoureux.
- Vous pensez qu’il puisse l’être ?
- Vous me le direz…
- Non. Vous avez mal interprété ma question. Pensez-vous qu’il puisse être un meurtrier, puisqu’il est incapable d’aimer ?
- Vous vous contredisez.
- Je ne pense pas.
Le silence s’installa. Mireille s’empressa de proposer à la policière encore un peu de thé. France accepta, et en profita pour mêler doucement le liquide ambré et le nuage de lait, et s’offrir quelques secondes supplémentaires de réflexion. Lily ne craignait apparemment pas les silences. Ni les flics. En fait, sous son air de vieille dame douce et effacée, auréolée de vaisselles de petite fille et de fanfreluches attrape-poussières, elle cachait une intelligence fine légèrement cynique. La commissaire découvrait qu’elle ne possédait plus la main sur la partie en train de se dérouler. Lily jouait la comédie de la politesse, et semblait s’amuser beaucoup à l’affronter sur son propre terrain. Elle décida de passer en mode direct.
- Qui était Momo ?
- Le fils de l’épicier du quartier. Les jours de pluie, les enfants se retrouvaient souvent chez lui. La mère de Momo possédait toujours tout un tas de cochonneries sucrées dans les placards. Les enfants raffolaient trainer chez Momo.
- Antoine ?
Lily éteignit sa cigarette dans un cendrier qui représentait une île, cernée par une mer turquoise affublée d’un unique palmier vert pomme. Le reliquat de fumée s’engouffra dans le volcan dressé sur le bord de la soucoupe, où était calligraphié « souvenir de la Martinique ».
- Le meilleur ami de Tristan. Son frère, sa moitié. Vous le savez bien. La maman d’Antoine était une amie très proche à l’époque. Elle est morte d’une saloperie de cancer, voici dix ans. Tristan passait souvent ces nuits, ou parfois des weekends chez eux. Le couple m’aidait beaucoup.
- Le père d’Antoine est toujours en vie ?
- Je ne sais pas. Demandez donc à son fils.
- Petite Framboise ?
- Petite Cerise. Oh ! Elle, c’est Douchka... Mais tout le monde l’appelait Petite Cerise, ou Cerise, tout court. Elle était ravissante, une vraie poupée ! Blonde comme le sable, toute menue, gracieuse, avec d’immenses yeux gris. Je me souviens bien d’elle, car sa maman faisait le meilleur pain perdu du quartier. Tristan m’en réclamait toujours, mais il protestait, car les miens n’étaient jamais aussi délicieux ! Sans doute l’association sabayon/marmelade que Katrin réalisait comme personne.
- Sabayon ?
- Mais oui, vous savez bien ! Ce mélange de jaunes d’œufs et de crème fluide que l’on fouette sur le feu pour obtenir une mousse légère…Katrin m’expliquait qu’elle battait longuement la préparation et qu’elle ajoutait quelques grains de vanille. N’empêche, je n’ai jamais réussi à faire aussi bien. Je crois que son truc, c’était d’ajouter une petite cuillère de son eau de vie à l’orange amère en fin de cuisson. L’alcool s’évaporait, mais le délicat parfum de marmelade demeurait. J’ai bien essayé d’acheter de la confiture d’oranges chez le papa de Momo, mais ce n’était pas pareil.
FG ne prêtait déjà plus attention à tous les détails. Sa respiration s’accéléra.
- Qu’elle âge avez-vous dit qu’avait Douchka ?
- Je ne vous ai rien dit.
- Quel âge, s’il vous plait ! Gomez retenait mal son excitation, et ces palabres commençaient à l’agacer.
- Elle était plus jeune que les garçons de la bande. Cinq ou six ans de moins, je pense.
- Elle trainait souvent avec eux ?
- Toujours. Elle suivait Tristan comme son ombre. Sa petite ombre, fidèle et silencieuse. Tristan ne la remarquait même plus. Je me rappelle qu’elle a été inconsolable lorsqu’il est parti brusquement à quatorze ans, sans un mot d’explication ni un adieu à ses copains. Elle allait avoir dix ans et m’affirmait qu’elle devenait enfin une femme, comme Véronique, et qu’ils pourraient se marier…Pauvre Petite Cerise, je ne sais pas où elle se trouve aujourd’hui.
- Moi si ! S’exclama Gomez emportée par son impulsion.
- Mais de qui parlez-vous ? Demanda Norec, qui n’avait pas bougé d’un pouce depuis le début de la conversation.
- D’Oriel Wisnia. Mais qui lorsqu’elle était enfant s’appelait Douchka Wisnewski. C’est bien ça, Lily ?
- Oui. Wisnewski, la petite griotte.
- Mais chef, Oriel est plutôt très brune !?
FG soupira, impatiente : Norec était décidément buté sur la culpabilité de Tristan.
- Vous n’avez jamais entendu parler de coloration ou de perruque ?
L’œil bleu ardoise de Gaëtan commença à battre de l’aile, ses mains s’agitèrent nerveusement et, craignant de répandre le thé, froid maintenant, sur ces genoux, il déposa prudemment le mug sur la table basse. Il s’en voulait de ne pas avoir saisi plus tôt l’évidence, mais il résista cependant pour la forme, et ne put s’empêcher de poser une question à sa chef.
- Comment savez-vous pour Wisnia ?
- C’est le diminutif du nom polonais complet : Wisnewski, qui veut dire cerise ou griotte… J’ai des parents polonais.
Et devant le regard surpris de son assistant, elle ajouta :
- Je sais Norec, Gomez n’est pas un nom polonais, mais si vous voulez bien, je vous expliquerai ce détail une autre fois. Pour le moment, prévenez Paris que nous rentrons et que l’équipe se prépare à intervenir dès notre arrivée. Quand passe le prochain train ?
- Nous venons de le rater. Le suivant n’est pas un direct, nous serons rendus à Paris vers 21 h.
- Pourvu que nous n’arrivions pas trop tard…
- Que craignez-vous ?
- Douchka les a invités à diner, justement ce soir. Elle devait sentir que le vent était en train de tourner. Saperlipopette, j’aurais dû comprendre… se fiancer au bout de quatre mois !!
- Crêpes Suzette au menu ?
- Vous n’êtes pas drôle, Norec.
à suivre....
Vous arrêtez pile au moment où on est à fond dedans ! Maestro !!!
RépondreSupprimerAlors ... alors ...
RépondreSupprimerAlors ... vous avez crâmé la crêpe suzette ... Tristan se rebelle et n'est pas venu dîner ? Sunny
RépondreSupprimerJ'ai perdu ma louche !
RépondreSupprimerNon,je rigole... j'ai eu beaucoup de mal me mettre au fourneau en fait