Rue du Faubourg Montmartre. Noël. Des touristes désespérés ne trouvent ni peintres, ni Sacré Cœur. Tournent sur eux même, hésitent à demander leur chemin. S’égarent une nouvelle fois en tachant de dégoter le salvateur « vous êtes ici » sur la carte offerte gracieusement par les Galeries Lafayette. Pourtant, ils ont vérifié auprès de la réception avant de quitter l’hôtel : le Sacré Cœur est à Montmartre, Grand Dieu !
La carte, déployée comme un journal quitte soudain le regard abattu de l’homme et s’abandonne mollement sur le ventre rebondi. Le visage vire à gauche, à droite, perplexe sur la direction à prendre. A pieds ? En métro ? En Vélib ? Soudain, le nez débusque une odeur alléchante de crêpes, aussitôt percutée puis éparpillée par le vent qui s’engouffre toujours en piqué, au centre de cette rue qui grimpe jusqu’à Pigalle. Nous sommes au cœur de Paris. Chassé croisé de Grands Boulevards, où les voitures tracent un sillon odorant et bruyant, où les restaurants traditionnels nichés dans les petites rues perpendiculaires, mêlent leurs parfums complexes d’oignons sucrés, de farine, de viandes rouges, de vins simples et de vinaigrette acide. Parfois une bulle de gras roussi et de frite rance explose : c’est « Quick » resto des temps modernes, qui lâche un rot chaque fois qu’un client franchit son seuil.
Au cœur de l’hiver, le parfum de ce quartier sans cesse en mouvement est terriblement gourmand. Rassurant. Source de petits bonheurs simples. Il suffit de pister le chemin tracé par les effluves crépitantes des crêpes géantes en train de cuire. Le nez en avant, mes pieds suivent naturellement le mouvement, avec un léger temps de retard. Une allure à la Tati, mais sans la pipe. Voilà. C’est là, à l’angle du Boulevard Poissonnière. Une drôle de bicoque qui mord le trottoir et s’offre aux courants d’air. Je reste debout, le corps fouaillé par le vent, les mains cachées dans les manches de mon manteau, les pieds battant la mesure pour faire semblant de me réchauffer. Toute ma concentration suspendue à mon bout du nez, parmi les vapeurs des galettes qui dorent sur la plaque. J’attends mon tour. Et j’imagine le parfum de ma gourmandise : miel, amande, chantilly, jambon, confiture, fromage, Nutella. Oups, étranges mélanges…Enfin, je passe commande. Comme d’habitude. Un peu de citron et c’est tout. Exhausteur naturel. Pour savourer purement la chaleur de la crêpe, un jour d’hiver trop froid pour le bout de mon nez.
« Montmartre ? Ah mais mon pauvre monsieur, vous n’y êtes pas du tout. C’est tout en haut, au bout de cette rue. Prenez une crêpe auparavant, car la grimpette est longue. Joyeux Noël ! »
La carte, déployée comme un journal quitte soudain le regard abattu de l’homme et s’abandonne mollement sur le ventre rebondi. Le visage vire à gauche, à droite, perplexe sur la direction à prendre. A pieds ? En métro ? En Vélib ? Soudain, le nez débusque une odeur alléchante de crêpes, aussitôt percutée puis éparpillée par le vent qui s’engouffre toujours en piqué, au centre de cette rue qui grimpe jusqu’à Pigalle. Nous sommes au cœur de Paris. Chassé croisé de Grands Boulevards, où les voitures tracent un sillon odorant et bruyant, où les restaurants traditionnels nichés dans les petites rues perpendiculaires, mêlent leurs parfums complexes d’oignons sucrés, de farine, de viandes rouges, de vins simples et de vinaigrette acide. Parfois une bulle de gras roussi et de frite rance explose : c’est « Quick » resto des temps modernes, qui lâche un rot chaque fois qu’un client franchit son seuil.
Au cœur de l’hiver, le parfum de ce quartier sans cesse en mouvement est terriblement gourmand. Rassurant. Source de petits bonheurs simples. Il suffit de pister le chemin tracé par les effluves crépitantes des crêpes géantes en train de cuire. Le nez en avant, mes pieds suivent naturellement le mouvement, avec un léger temps de retard. Une allure à la Tati, mais sans la pipe. Voilà. C’est là, à l’angle du Boulevard Poissonnière. Une drôle de bicoque qui mord le trottoir et s’offre aux courants d’air. Je reste debout, le corps fouaillé par le vent, les mains cachées dans les manches de mon manteau, les pieds battant la mesure pour faire semblant de me réchauffer. Toute ma concentration suspendue à mon bout du nez, parmi les vapeurs des galettes qui dorent sur la plaque. J’attends mon tour. Et j’imagine le parfum de ma gourmandise : miel, amande, chantilly, jambon, confiture, fromage, Nutella. Oups, étranges mélanges…Enfin, je passe commande. Comme d’habitude. Un peu de citron et c’est tout. Exhausteur naturel. Pour savourer purement la chaleur de la crêpe, un jour d’hiver trop froid pour le bout de mon nez.
« Montmartre ? Ah mais mon pauvre monsieur, vous n’y êtes pas du tout. C’est tout en haut, au bout de cette rue. Prenez une crêpe auparavant, car la grimpette est longue. Joyeux Noël ! »