Hiver. Froid glacial de saison. Belle journée lumineuse couleur de miel. Je décide de m’installer en terrasse d’un café, ce bord de trottoir dorénavant réservé aux fumeurs résistants. Tables minuscules, chaises en rotins, et grille teint fixés sous la toile de l’auvent, couleur de bon vin, qui pulsent à plein régime une vibration rose orangé brûlante. L’effet est immédiat : le crâne grésille, les pommettes surchauffent mais les pieds restent définitivement glacés, imprégné par le froid qui provient du sol. Le contraste olfactif me saute au nez. Hors de la protection toute relative du chauffage électrique, le parfum de l’air est métallique comme un couteau bien aiguisé. La sensation est brève, comme une décharge saccadée d’échardes minuscules aux saveurs de muscade, de Tabasco éventé, et de limaille de fer. Je pense également aux émanations qui s’échappent, lors des premières secondes qui suivent le flash de la photocopieuse.
Assise en rang d’oignon, parmi les autres consommateurs coudes au corps et clopes au bec, j’aspire les volutes qui circulent, se répandent et virevoltent mollement pour finir grillées par le toaster. Émoussées par la chaleur torride du grille- teint, les volutes grises du tabac habituellement âcres, prennent des accents douceâtres. L’odeur de cigarette est joyeusement ronde et mœlleuse, presque chaleureuse. Elle devient boisée, miellée comme du papier usé, parfois un peu caramélisé vanillée. Soudain une lichette de vent parvient à percer la muraille vaporeuse et pince brutalement mon nez. Je trouve presque un soulagement à absorber une bonne goulée de fumée chaude et toxique.
Autre phénomène étrange. Sous l’action de la chaleur artificielle, les eaux de toilettes de toutes ces personnes attablées s’évaporent rapidement. Elles enflent et éclatent comme des bulles de savon, dispersant des miettes sucrées et complexes. Onctuosité crémeuse, inattendue, pour un parfum masculin habituellement plus rude. Sensation de cuir, de réglisse yoyo et de sucre candi pour ce parfum féminin dont la vanille a pris un coup de chaud, comme oubliée dans le four ! Crème Nivéa enfin, soudainement montée en neige telle une meringue. Dernier constat. Si je me mets de profile, j’ai une narine qui aspire l’air chaud savoureux, tandis que l’autre piquée par le froid vif et sec, devient presque insensible. Sensation amusante et déroutante car elles ne se mêlent pas. Le coté froid n’absorbe aucune odeur de tabac, statut RAS. Le coté chaud est badigeonné de nicotine fruitée et d’eaux de toilettes caramélisées.
Non, vraiment je ne pensais pas tomber nez à nez avec autant d’expériences inédites, en dégustant un simple café en terrasse un jour de plein hiver, à Paris, rue des Abbesses
Pour les Pieds Nickelés de Montmartre et nos "cafés" au St Jean
Assise en rang d’oignon, parmi les autres consommateurs coudes au corps et clopes au bec, j’aspire les volutes qui circulent, se répandent et virevoltent mollement pour finir grillées par le toaster. Émoussées par la chaleur torride du grille- teint, les volutes grises du tabac habituellement âcres, prennent des accents douceâtres. L’odeur de cigarette est joyeusement ronde et mœlleuse, presque chaleureuse. Elle devient boisée, miellée comme du papier usé, parfois un peu caramélisé vanillée. Soudain une lichette de vent parvient à percer la muraille vaporeuse et pince brutalement mon nez. Je trouve presque un soulagement à absorber une bonne goulée de fumée chaude et toxique.
Autre phénomène étrange. Sous l’action de la chaleur artificielle, les eaux de toilettes de toutes ces personnes attablées s’évaporent rapidement. Elles enflent et éclatent comme des bulles de savon, dispersant des miettes sucrées et complexes. Onctuosité crémeuse, inattendue, pour un parfum masculin habituellement plus rude. Sensation de cuir, de réglisse yoyo et de sucre candi pour ce parfum féminin dont la vanille a pris un coup de chaud, comme oubliée dans le four ! Crème Nivéa enfin, soudainement montée en neige telle une meringue. Dernier constat. Si je me mets de profile, j’ai une narine qui aspire l’air chaud savoureux, tandis que l’autre piquée par le froid vif et sec, devient presque insensible. Sensation amusante et déroutante car elles ne se mêlent pas. Le coté froid n’absorbe aucune odeur de tabac, statut RAS. Le coté chaud est badigeonné de nicotine fruitée et d’eaux de toilettes caramélisées.
Non, vraiment je ne pensais pas tomber nez à nez avec autant d’expériences inédites, en dégustant un simple café en terrasse un jour de plein hiver, à Paris, rue des Abbesses
Pour les Pieds Nickelés de Montmartre et nos "cafés" au St Jean
Passionnant ce billet ! Une retranscription enthousiasmante de ce qu'il y a probablement de plus difficile à partager, l'odeur de la chaleur et celle du froid. J'ai aimé l'évocation de la photopieuse, quelque chose qui m'a fait penser à l'odeur des étincelles d'électricité statique quand on ôte un pull...
RépondreSupprimerC'est le billet le plus original sur une simple terrasse de cafe ! Superbe
RépondreSupprimerUn simple café, mais oui mais oui. Venant de la part de madame Vodka-A, j'y crois moyen...
RépondreSupprimerBonsoir RVT ( pardon, je me permets ce raccourcis),
RépondreSupprimerOui, c'est la même odeur : +ou- Ozone pour certains.
Bonsoir Miss Zen,
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ce commentaire enthousiaste
Salut Vinvin,
RépondreSupprimerArrgh! Trahison!! et moi qui souhaitais/pensais être discrète ! résultat j'ai posé des guillemets autour de café ! ;))
Hi, Celine! I know Hiver means Winter)
RépondreSupprimerI live in Russia and now it's -20 C out of door. If you are interested, what can you smell in the streets when the temperature like this? I tell you: nothing, except car's exhausts:)
Hello Alex,
RépondreSupprimerOuch! It's really cold, and your comment it's interesting. Are you sure that you can not smell, maybe the stone of the buldings, or the dirty snow, or clean and fresh snow, the smell of the river ? I know that in winter smells are less powerfull than in summer, but not always, also they are very differents, and clear or harsh sometimes. Tell me, I am very interesting of your opinion.
Bonjour Céline ,
RépondreSupprimerAvec vous , même prendre un simple café en terrasse devient passionnant ;-)
La participation d'ALEX est très intéressante : c'est vrai , que perçoit-on comme odeurs dans un pays avec des températures aussi froides ?
Le système olfactif doit être engourdi, non ?
Et la version dessinée (collector!) est superbe, merci Céline.
RépondreSupprimerHello, Celine! Thanks for reply. You know, when temp. is -20 it's like all frozen: air, people, steam from boilers, scents, nose:) All seems static. And it is so cold and you breathe so icy air so you can't concentrate on something. For me it is like photo and you smell this cold picture of streets with only one that still alive - car's exhausts, smell of dust. may be it's only for my nose, who knows)
RépondreSupprimerBonjour Julita,
RépondreSupprimerMerci, j'adore les terrasses de café, ne serais-ce que pour admirer la faune et le passage des piétons...c'est du cinéma sans fin !
Bonjour La Flore,
RépondreSupprimerEt merci pour les recettes de Paulettes! Je conseil à tous ceux qui tombe sur ce commentaires d'aller musarder sur ton site et de s'offrir ton petit cahier de recettes. Pour le plaisir de la lectures des ingrédients ( ah! le caniche !!) des dessins et des recettes de paresseux(ses). Celle des frites me tente sacrément!http://www.lafloreetlafaune.com/
Hi Alex. Thank you for your reply and all the descriptions. I never been in a country with temp. -20...Your idea of photo is very clear.
RépondreSupprimerMay be you can still smell the car's exhaust because it's comming from an hot car, so it's hot...for few seconds !Today in Paris it's snowing. I love the smell of the new fresh snow, before it's become grey and dirty...and actually it's not so cold : 2°more or less, so very warm !;)
C'est vrai que la température joue beaucoup sur notre perception des odeurs. Le découplage des narines m'a fait rire :) Et l'odeur de la photocopieuse... L'odeur des bureaux, ce serait intéressant à décortiquer!
RépondreSupprimerBonsoir Sakura,
RépondreSupprimerAvec quelques jours de retard je réponds,et je m'en excuse, mais le temps aux environs de Noël s'accèlère soudainement, et les jours files...L'odeurs des bureaux:tout un programme, mais cela doit dépendre des taches, des lieus et des heures ?
gunaccustomed to "set an example" butinvestigate him beheadpublic exhibit cocktail dresses
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