Un jour, j’ai senti la mort.
Celle de la vie.
Qui colle au nez, et qui fait peur.
Territoire inconnu, mon nez ne reconnaissait pas les indices. Les molécules capturées et analysées n’évoquaient rien, ne se rapportaient à aucun référent : je me trouvais soudain devant un monde sans nom, sans couleur, sans signe distinctif.
Il me manquait un repère, quelque chose de concret pour que l’odeur qui traînait sous mes narines prenne forme, consistance, et devienne une image en 3D reconnaissable et rassurante. Et hop ! Dans la boîte : classée-nommée-oubliée-mémorisée.
C’était l’été. Un mois d’Août à Montmartre. Mon immeuble de guingois donnait au Nord sur une rue aux pavés inégaux. L’herbe, avait le temps de pousser entre les mauvais joints, malgré les passages des voitures, des piétons et du petit bus électrique. Au Sud, coté cuisine j’avais une vue tronquée sur Paris. J’apercevais les Buttes Chaumont mais pas la tour Eiffel, car l’immeuble formait un angle et masquait l’Ouest Parisien. Mais je ne m’en plaignais pas, car cette vue inachevée m’offrait un plaisir rare : l’illusion de respirer au cœur de la ville, d’appartenir à l’infini quand le ciel tendait ses bras sans nuage ni pollution, et la satisfaction de contempler le tapis gris bleuté des toits, qui déroulait son patchwork à mes pieds.
La particularité de Montmartre c’est de recevoir en pleine face les vents, comme une accolade revigorante en été, souvent vigoureuse le reste de l’année. Je n’ai jamais connu la pesanteur estivale dans cet appartement toujours naturellement ventilé.
Cet été précisément, le vent est venu taquiner mes narines. Une fin de matinée très chaude, où le soleil donnait de plein fouet sur le mur de l’immeuble coté Sud. Quelques effluves au début. Un signal dans un coin de mon esprit, rapidement analysé, absorbé, et identifié comme quelques miettes sucrées pas désagréables. Les fenêtres étaient pourtant fermées, afin de préserver un peu la fraîcheur toute relative de l’appartement, mais elles étaient si vieilles, usées et déformées, que l’air passait à travers un réseau de jours, de la taille d’un petit doigt parfois !
Odeur puissante en vérité. Sinueuse, et tenace déjà.
Le lendemain l’odeur est toujours là. Plus prégnante, plus intense également. Mon nez commence à renifler comme un chien, par petits coups, narines palpitantes ouvertes au maximum, afin de capturer toutes molécules porteuses d’informations. En vains. Je commence à sentir la perplexité et la gêne parcourir mes méninges. Une odeur oui, mais sans images. Je me découvre aveugle.
Bien sur, je peux énumérer : fruité, sucré, piège à abeille, pâte de coing pas assez cuite, poire molle, infusion de bois, abricots écrasés dans un sac en plastique après une journée de pique-nique, pommes de terre fripées, huile de noisette…
Mais cette classification ne me satisfait pas.
A suivre…
Celle de la vie.
Qui colle au nez, et qui fait peur.
Territoire inconnu, mon nez ne reconnaissait pas les indices. Les molécules capturées et analysées n’évoquaient rien, ne se rapportaient à aucun référent : je me trouvais soudain devant un monde sans nom, sans couleur, sans signe distinctif.
Il me manquait un repère, quelque chose de concret pour que l’odeur qui traînait sous mes narines prenne forme, consistance, et devienne une image en 3D reconnaissable et rassurante. Et hop ! Dans la boîte : classée-nommée-oubliée-mémorisée.
C’était l’été. Un mois d’Août à Montmartre. Mon immeuble de guingois donnait au Nord sur une rue aux pavés inégaux. L’herbe, avait le temps de pousser entre les mauvais joints, malgré les passages des voitures, des piétons et du petit bus électrique. Au Sud, coté cuisine j’avais une vue tronquée sur Paris. J’apercevais les Buttes Chaumont mais pas la tour Eiffel, car l’immeuble formait un angle et masquait l’Ouest Parisien. Mais je ne m’en plaignais pas, car cette vue inachevée m’offrait un plaisir rare : l’illusion de respirer au cœur de la ville, d’appartenir à l’infini quand le ciel tendait ses bras sans nuage ni pollution, et la satisfaction de contempler le tapis gris bleuté des toits, qui déroulait son patchwork à mes pieds.
La particularité de Montmartre c’est de recevoir en pleine face les vents, comme une accolade revigorante en été, souvent vigoureuse le reste de l’année. Je n’ai jamais connu la pesanteur estivale dans cet appartement toujours naturellement ventilé.
Cet été précisément, le vent est venu taquiner mes narines. Une fin de matinée très chaude, où le soleil donnait de plein fouet sur le mur de l’immeuble coté Sud. Quelques effluves au début. Un signal dans un coin de mon esprit, rapidement analysé, absorbé, et identifié comme quelques miettes sucrées pas désagréables. Les fenêtres étaient pourtant fermées, afin de préserver un peu la fraîcheur toute relative de l’appartement, mais elles étaient si vieilles, usées et déformées, que l’air passait à travers un réseau de jours, de la taille d’un petit doigt parfois !
Odeur puissante en vérité. Sinueuse, et tenace déjà.
Le lendemain l’odeur est toujours là. Plus prégnante, plus intense également. Mon nez commence à renifler comme un chien, par petits coups, narines palpitantes ouvertes au maximum, afin de capturer toutes molécules porteuses d’informations. En vains. Je commence à sentir la perplexité et la gêne parcourir mes méninges. Une odeur oui, mais sans images. Je me découvre aveugle.
Bien sur, je peux énumérer : fruité, sucré, piège à abeille, pâte de coing pas assez cuite, poire molle, infusion de bois, abricots écrasés dans un sac en plastique après une journée de pique-nique, pommes de terre fripées, huile de noisette…
Mais cette classification ne me satisfait pas.
A suivre…
*Kurogan, dans Highlander
Si je peux me permettre, Kurgan et sa réplique c'est dans Highlander, pas "Hightlander".
RépondreSupprimerEn tous cas on attend la suite avec impatience ! :-)
Oups !Merci Cédric pour ton coup d'oeil ! Tu as bien fait de te permettre :))Je sais que je fais de nombreuses fautes d'orthographes..ça n'a jamais été mon fort!
RépondreSupprimerJ'ai apporté la correction!
L'étiquette du flacon que tu m'as offert porte le mot "LOUNDGE" avec un "D" que je sens rigolard à l'idée d'étayer ton aveu. D'ailleurs je crois qu'il s'esclaffe un peu plus en pointant du doigt son copain le "s" du mot "orthographes" dans ton commentaire ci-dessus... Je te fais plein de bisous pour conjurer tout ça !
RépondreSupprimerBonjour Céline,
RépondreSupprimerjuste un mot pour vous dire tout le plaisir que j'ai à lire votre blog, très bien écrit en outre.
je suis sophie, je vous avais rencontré au café d'oberkampf un après midi il y a deux semaines. (Ayant des problèmes avec ma connexion internet je n'ai pas pu venir plus tôt vous écrire un petit mot mais c'est maintenant chose faîte. )
Sophie
(mybluehour.blogspot.com).
Ravie aussi de votre arrivée dans la blogosphère! Un petit cadeau de bienvenue pour vous, j'espère que vous apprécierez!
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=SKd0VII-l3A
Muguette
Salut Lapo
RépondreSupprimerHeuuuu, je peux être vache et dire c'est pas ma faute, c'est pas moi qui a imprimé l'étiquette de ton flacon ?? Non, c'est pas sympa, car c'est bien ma pomme, qui évidemment a donné les instructions à mon assistante ...;)
sans rancune, bises itou
Bonjour Sophie,
RépondreSupprimerJe me demandais d'ailleur où vous etiez passée ? J'ai trouvé notre rencontre du hasard
agréable et amusante. je vais musarder sur votre blog, n'en doutez pas ! A bientôt.
Bonsoir Anonyme n°1,
RépondreSupprimerMerci pour vos mots de bienvenus, et votre cadeau....Clair de Lune, Debussy. Si j'ai bien copié le lien ? Avec Fauré ce sont certainement mes deux compositeurs préférés, vous ne pouviez tomber mieux !Musique apaisante, après ces effluves mortelles...:)
Suspens insoutenable.
RépondreSupprimerFormidable, le thriller olfactif. et moi qui m'attendais à un billet sur les girolles limousines...
à propos de fiction sur le thème, tu avais aimé Le Parfum ou pas ?
un gateau oriental ? :) ....
RépondreSupprimerIknowa
Ravie d'avoir tapé dans le mille! =)
RépondreSupprimerMuguette
Un petit message en passant pour dire que j'aime beaucoup votre blog, mais ça tout le monde est à même de s'en faire la remarque.
RépondreSupprimerA l'instant je repense au blog de Sylvaine Delacourte, et en comparaison, j'ai envie de vous baisez les pieds (j'ai desespéré de la voir sortir de ses papiers académiques à 80% de "oh guerlain guerlain oh oui oh oui", pour quelque choses de personnel, d'humain quoi!). Toutes 2 stars de ce milieux, vous prenez 2 chemins radicalement différents, et je préfère le votre.
Vous faites une jolie littérature. Le mot "littérature" est pompeux, mais correspond à l'envergure de ce que vous me semblez accomplir : redonner des yeux, une conscience des odeurs, à un monde qui ne sent pas, ne reniffle pas. C'est un peu comme le principe du narrateur omniscient, ou des anges dans "les ailes du désirs" qui écoutent les pensées des gens, votre monde des odeurs est tout un plan de conscience, de paroles murmurées, intimes, et y avoir accès comme ça, par vous, je dirais que "ça fait du vent".
(en plus de savoir bien écrire et d'avoirs un style, personnel sensuel et beau)
Bref, j'ai hâte de vous lire, encore.
J'espère que cette note ne finit par sur un fait divers du genre "Mémé est morte dans l'appart à côté, et le chat avait commencé à se servir au buffet" :D Halloween est passé, mes craintes s'estompent.
Bonjour La Flore,
RépondreSupprimerLes girolles je préfère les déguster !Je me suis régalée. Miam ! + une tartine avec du nutella :))
A propos du Parfum. Oui,j'ai dévoré le bouquin à l'époque. Sauf le long et interminable chapitre lorsqu'il est dans sa grotte.J'aime bien le délire/fantasme de l'écrivain, ce qu'offre le roman de pouvoir tout imaginer ou exagerer, et notamment la manipulation/la quête de l'absolu...jusqu'au final où il se fait dévorer !! Je crois que c'est la fin que je préfère. Miam :))
Bonjour Iknowa,
RépondreSupprimerOui, mais sans les pistaches;)
Merci encore Muguette
RépondreSupprimerBonjour JulienfromDijon
RépondreSupprimerWhaou!Merci,merci vraiment, vos mots me touchent enormément, car j'ai toujours de grandes peurs lorsque j'édite une de mes chroniques! Les odeurs sont notre quotidien, et c'est comme ça que je les aime. La seule différence avec les autres personnes, c'est que j'ai appris à poser des mots dessus, là où en général on fronce le nez en se disant, "y'a un machin qui traine, mais quoi?".Ou en n'y posant pas du tout son nez, car sentir est tabou ! Les odeurs ont énormement d'histoires à raconter...je vais tâcher de continuer à les écouter ;)