dimanche 21 juin 2009

Ciné Cité des Halles

Séance de 20h00
A l’écran, James Bond le retour. L’espion Anglais passe les générations. Depuis l’époque de la belle Ursula Andress, l’éternel séducteur revient vers nous tout les 3 ans, explose et agace, mais provoque toujours le même engouement ponctué d’un, « le précédent était encore mieux… »
Le scénario reste sensiblement le même : la Grande-Bretagne sauve le monde, car les Américains ont raté le coche. Les filles sont toujours belles, capricieuses et passagères. Le héros est toujours beau, macho, biscoto et pas rigolo. Le méchant est toujours diabolique, cynique et technologique.
Mais.
L’odeur de la salle de projection change.
Autrefois, époque « clope brouillard ». Sièges en tissu plus ou moins confortables, criblés de trous de cigarettes. Volutes parfois cruelles, sèches et métalliques de la Gitane brune. Effluves monotones et douceâtres, façon semelle de cuir mouillé, des Marlboro/Camel. Et surtout le sentiment angoissant au moment de pénétrer dans la salle obscure, de tomber au fond d’un gigantesque cendrier encombré de mégots froids mâchouillés. Parfum griffé, collant, indélébile, mémorisable entre tous.
Une dizaine d’années passent et voici l’époque RAS des « bonbons-squimo-chocolat » sans saveurs ni odeurs, juste quelques bruits de papiers froissés. Puis tout doucement depuis les années 80 est apparu un agréable pot-pourri des derniers parfums masculins belles gueules, des bouquets féminins aux accents de barbapapa, rehaussé par des relents de lessives ultra performantes.
Aujourd’hui on y voit clair, nos poumons respirent. Les petits bruits de papiers froissés n’ont pas changé, mais un nouvel invité est arrivé, qui parvient sans coup férir à dévorer le plus puissant des cocktails élaborés dans les labos des meilleurs parfumeurs : le Pop Corn !
Plus destructeur que tous les James Bond réunis il jaillit en mille facettes sucrées, salées, grasses, brûlées, rances, boisées, poussiéreuses, cartonneuses, soyeuses, rêches, sèches, aigres, fruitées, et se répand entre les rangs. Impitoyable, le parasite olfactif nourrit virtuellement vos papilles. Rassasié, vous demandez grâce. Ecoeuré, vous vous raccrochez in extremis à l’image tressautante d’un Bond infatigable qui bondit d’immeuble en voiture, quand vous n’avez pas le choix et devez rester à votre place.
Deux solutions sont envisageables, à défaut de signer une pétition pour que cesse la vente des Pop Corn.
1- achetez des Pop Corn et vivez votre propre huis clos.
2- Inspirez soigneusement l’odeur des Pop Corn de vos voisins. Réalisez ensuite mentalement une description personnelle et détaillée de toutes les facettes : de la plus irritante à la plus drôle. Verrouillez votre esprit analyseur d’odeur. C'est-à-dire : cesser de penser à l’odeur qui tourne autour de vous, puisque maintenant elle est devenue votre compagnon familier.
Adoptez le flegme anglais et profitez du film ! Qui est moins bon que le précédent je sais, mais là je ne peux plus rien pour vous…

...à propos d'une conversation de mercredi soir au Carillon !

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