vendredi 22 janvier 2016

Les recettes de Madame Nitouche n°1

Ben vl’à que ça ne me rajeunit pas ….Le retour de Madame Nitouche !
Petit coup de vieux. Je vais vous conter l’époque des premiers échanges de mails entre collègues d’une même société. Aujourd’hui cela parait aller de soi, mais de mon temps, au début des années quatre-vingt-dix, le maniement d’une boite mail pour distribuer l’information au sein d’une entreprise était relativement nouveau. Bien évidemment, l’utilisation à des fins uniquement professionnelles a été bien vite oubliée et détournée. Nous étions quelques ami(e)s, collègues et apprentis, éparpillés aux quatre coins de la planète, et soudain nous pouvions communiquer à la seconde sans donner le sentiment de perdre notre temps au téléphone. On tapotait sur un clavier…donc on travaillait, non ? Parfumeur en devenir, je supportais difficilement l’esprit de compétition exigée au sein des équipes, mais j’en acceptais les règles, car j’étais ambitieuse. L’écriture est rapidement devenue une solution pour relâcher la pression, détourner les angoisses de la feuille blanche, exprimer le plaisir simple des odeurs, d'une forme de créativité hors clous. J’ai commencé à échanger cuisine avec mes ami(e)s expatriés afin de nous donner l’illusion bienveillante que nous nous retrouvions autour d’un plat pour bavarder de tout et de rien, et surtout pas des projets que nous devions à tout prix remporter ! J’ai imaginé et écrit de nombreuses recettes dont l’héroïne, à laquelle j’avais donné les formes et le caractère de Maïté, expliquait  l’art et la manière de concocter de bons petits plats puisés dans mon quotidien de ménagère trentenaire: « les recettes de Madame Nitouche, Reine de Bouche ».

En cette nouvelle année, afin de varier le menu des chroniques olfactives, je vous propose de découvrir quelques recettes de cuisine entre deux histoires de formule de shampooing. Je n’ai pas la prétention d’être une grande cuisinière, mais une remarque récente de mes enfants, me laisse à penser que je cuisine comme je crée mes parfums : je farfouille sur les étagères, je tâtonne et trouve un accord plaisant, mais parfois, je me plante joliment ! Ces derniers se plaignent donc très gentiment que je ne réalise jamais deux fois le même plat. Aussi, ai-je imaginé que lorsque l’un d’eux s’avère n'être pas trop mal, je pourrais l’offrir en partage….et en conserver une trace.

Madame Nitouche n°1 :  Omelette d’asperges vertes, parfumée au sumac

Le marché :
-    -Une botte d’asperges vertes fraiche, ou un sachet d’asperges vertes congelées, ou une poignée d’asperges sauvages glanées au printemps au bord des routes de campagne.
-     -Deux œufs par personnes + 1 pour la poêle (comme pour une théière, les Anglo-saxons comprendront)
-         -Une cuillère à soupe de crème entière fluide ou deux cuillères à soupe de lait frais entier
-        - Une dose de beurre (tablette individuelle de 12gr)
-        - Une belle poignée de parmesan fraichement gratté
-        - Une grosse pincée de sumac

La Manière :
Préparez les asperges :
               Fraiches : coupez la fin des tiges un peu dures et faites les cuire à la vapeur « al dente »
           Congelées : placez les asperges directement dans le panier vapeur, et faire cuire selon les instructions, moins trois minutes pour la cuisson « al dente ».
               Sauvages : rincez et réservez. Pas de précuisson.

Dans une grande poêle, déposez le beurre et laissez fondre paisiblement. Pendant ce temps, préparez les œufs :
Dans un grand bol ou un saladier, fouettez énergiquement ou pas les œufs. Tout dépend de vos goûts. Personnellement j’apprécie une omelette dont les œufs sont fouettés jusqu’à faire un peu de mousse sur les bords du bol.
Ajoutez la crème liquide ou le lait frais, fouettez à peine et versez le mélange dans la poêle chaude.
Ajoutez les asperges, comme des sardines dans une boite.
Attendez que l’œuf soit légèrement saisi sur les bords puis diminuez le feu. L’omelette doit cuire très doucement, sans qu’on l’agace ! Le but est que le beurre ne brûle pas et que les œufs ne soient pas remués. L’odeur doit demeurer fleurie, onctueuse, faire penser un petit peu à des fruits secs et à de l’herbe fraichement coupée.
Saupoudrez de parmesan.
Arrêter la cuisson quand le parmesan a disparu fondu, mais qu’au centre de la poêle l’omelette ne soit pas tout à fait cuite. La cuisson s’achève doucement avec la chaleur radiante.
Saupoudrez de sumac et servez aussitôt. Avec une salade verte, parfumée à l’huile de noisette par exemple.

Dans la tête du parfumeur :

Ce plat possède une magnifique odeur de jacinthe quand il roussit doucement à faible température.
L’asperge, verte et amère, se mêle au parfum musqué de l’œuf et crée la note fleurie. Ce n’est pas le cas, si le plat est préparé avec des asperges blanches.
Le beurre et l’œuf offrent une combinaison caramélisée, pralinée, propre à faire saliver nos papilles
Le parmesan est un exhausteur de goût naturel, il évite d’ajouter du sel.
Le sumac est un produit magnifique : à la fois boisé et aigrelet, il donne un coup de nerfs et diminue l’effet « poudré » un peu gnangan des œufs.

Bon appétit !

PS1: le sumac est une épice aux reflets auburn et provient d'un arbuste qui pousse au moyen-orient et dont on utilise les baies séchées puis broyées.
PS2: clin d’œil à tous ceux et celles qui ne trouvaient pas les ingrédients "parisiens" à Holz-City, nécessaires pour réaliser les recettes de Madame Nitouche... 

3 commentaires:

  1. Merci pour votre recette. Peut-être y en aura-t-il d.autres ? C'est toujours un plaisir de lire vos chroniques.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Florence Rome et merci pour votre commentaire. Oui, je pense en écrire d'autre...il faut juste que je retourne au fourneau ! ;)

    RépondreSupprimer
  3. Bravo pour ce blog, à l'atelier français des matières on adore le "hors les clous"...et les bonnes recettes de cuisine! Je conseille côté culinaire les recettes Chti de pépé lemat, croustillant! Côté parfum: www.atelier-francais-des-matieres.fr, bonne route! Remi

    RépondreSupprimer