Petite lucarne. Choix d’informations. Trainées de publicités. Et dans ce flot, l’une d’elles m’abasourdit.
Nous sommes au pays des images, des mots délibérément choisis, des scénarii soigneusement échafaudés. Oubliez votre nez et visualisez.
Une chambre bleu layette de petit garçon
Allongé sur un lit, un engin terrible.
Un ado.
Mécanique en ébullition permanente. Farcie d’hormones qui s’exercent au yoyo.
Odeur de bébé la veille. Au matin, par on ne sait quelle alchimie nocturne, une atmosphère de fauve.
La maman déboule dans la chambre. Gros plan sur le visage chiffonné, nez pincé, menton froissé. Puis, le regard pointe les indices.
Des chaussettes flétries dispersées dans les coins, dont on imagine les miasmes crasseux, prisonniers du coton tortillé en accordéon. À l’opposé évidemment, les chaussures, jetées à la sauvage à travers la chambre, ou tombées aux pieds du lit, lorsque l’ado explosé de fatigue, à trouvé la force molle de faire basculer sa basket, à l’aide de son gros orteil enrobé de transpiration, pressé sur le talon. Pouf, par terre. Sens dessus dessous, des semelles libres enfin de diffuser abondamment des molécules aigres de levure tièdes, et de chou acide.
La caméra tourne, effleure rapidement les meubles bleu pastel. Chaises, fauteuil et commodes. Posés au hasard, des T-shirts oints de la sueur des exploits sportifs du rejeton, des traces de boues, d’herbes, sur des pantalons efflanqués et déjà trop courts. Sur la moquette, des bouts de papier divers et colorés : bombec, chips et carambar ; une canette couchée, vide et oubliée, où perle une goutte rigide de sucre desséché. Sur les étagères d’une bibliothèque, des objets non identifiés, mais qui émettent sans doute des ondes nauséabondes. Sur le bureau, où trainent quelques cahiers d’écolier, des bouts de gommes mâchonnées, des feutres ouverts et des crayons usés. Enfin, sur la table et autour d’une poubelle en état d’indigestion, des boulettes de papiers froissés.
Mon Dieu ! Quel tintamarre pestilentiel. Quel désordre olfactif inacceptable ! Veux-tu bien « nettoyer les odeurs de ta chambre ! »
Regard ahuri de l’ado.
Corps interminable et fragile. Cheveux longs. Nez en patate. Bouche maussade : « Ben…quoi ? Nettoyer les odeurs de ma chambre ? »
« Oui, surtout que tu vas avoir de la visite ! »
La honte…des odeurs intimes qui trainent.
Rognures et pellicules fétides.
Des parfums de rêves ou de cauchemars, exsudés pendant la nuit.
Des relents de vie privée d’un jeune garçon qui respire, dort, bouquine, danse, s’énerve, végète, hurle, chante, bouffe, dans sa chambre/piaule/grotte/gourbi.
Des miasmes du quotidien, soigneusement sécrétés au fil des aléas de l’intime mécanisme, qui dessinent tant bien que mal une étiquette d’homme en devenir. Un territoire balisé, griffé, personnel, qui lentement se développe. La voix d’un jeune garçon mue. Son odeur aussi. Le résultat souvent déraille, dans les graves puis les aigus. Distorsions, atmosphère étrange parfois.
La mère s’agite dans la chambre. Ne reconnait plus l’odeur de son tout petit. De son bébé.
« Il faut que tu nettoies les odeurs de ta chambre » répète t’elle.
L’eau de javel n’y suffira pas. Ouvrir les fenêtres pas davantage. Il est absolument nécessaire de se procurer un produit magique, un remède unique qui détruise, encapsule, annihile tous ces fluides invisibles et retords, qui s’infiltrent partout. « Regarde, mais regarde mon enfant, mon bébé, ces odeurs salissent tout, déforment tout ! »
Dépoussiérer. Frotter. Brosser. Nettoyer et faire briller une odeur. Lui rendre son éclat originel, son vernis transparent, son air vertueux de propreté.
Maman brandit un flacon pistolet, un sent-rien parfumé à l’universel, et pulvérise l’ambiance infâme.
Dézinguées les odeurs privées.
Atomisés les parfums de peau.
Meubles bleu aquarelle, vêtements abandonnés, objets perdus transpirent maintenant l’agent industriel « fleurs naissantes » ou « rosée du matin », enrichi au bouloteur d’odeurs rebelles (une pincée de cyclodextrine) qui remet les curseurs à zéro.
C’est plus simple.
Et tout, oui tout, visiblement… reviendra dans l’ordre.
Nous sommes au pays des images, des mots délibérément choisis, des scénarii soigneusement échafaudés. Oubliez votre nez et visualisez.
Une chambre bleu layette de petit garçon
Allongé sur un lit, un engin terrible.
Un ado.
Mécanique en ébullition permanente. Farcie d’hormones qui s’exercent au yoyo.
Odeur de bébé la veille. Au matin, par on ne sait quelle alchimie nocturne, une atmosphère de fauve.
La maman déboule dans la chambre. Gros plan sur le visage chiffonné, nez pincé, menton froissé. Puis, le regard pointe les indices.
Des chaussettes flétries dispersées dans les coins, dont on imagine les miasmes crasseux, prisonniers du coton tortillé en accordéon. À l’opposé évidemment, les chaussures, jetées à la sauvage à travers la chambre, ou tombées aux pieds du lit, lorsque l’ado explosé de fatigue, à trouvé la force molle de faire basculer sa basket, à l’aide de son gros orteil enrobé de transpiration, pressé sur le talon. Pouf, par terre. Sens dessus dessous, des semelles libres enfin de diffuser abondamment des molécules aigres de levure tièdes, et de chou acide.
La caméra tourne, effleure rapidement les meubles bleu pastel. Chaises, fauteuil et commodes. Posés au hasard, des T-shirts oints de la sueur des exploits sportifs du rejeton, des traces de boues, d’herbes, sur des pantalons efflanqués et déjà trop courts. Sur la moquette, des bouts de papier divers et colorés : bombec, chips et carambar ; une canette couchée, vide et oubliée, où perle une goutte rigide de sucre desséché. Sur les étagères d’une bibliothèque, des objets non identifiés, mais qui émettent sans doute des ondes nauséabondes. Sur le bureau, où trainent quelques cahiers d’écolier, des bouts de gommes mâchonnées, des feutres ouverts et des crayons usés. Enfin, sur la table et autour d’une poubelle en état d’indigestion, des boulettes de papiers froissés.
Mon Dieu ! Quel tintamarre pestilentiel. Quel désordre olfactif inacceptable ! Veux-tu bien « nettoyer les odeurs de ta chambre ! »
Regard ahuri de l’ado.
Corps interminable et fragile. Cheveux longs. Nez en patate. Bouche maussade : « Ben…quoi ? Nettoyer les odeurs de ma chambre ? »
« Oui, surtout que tu vas avoir de la visite ! »
La honte…des odeurs intimes qui trainent.
Rognures et pellicules fétides.
Des parfums de rêves ou de cauchemars, exsudés pendant la nuit.
Des relents de vie privée d’un jeune garçon qui respire, dort, bouquine, danse, s’énerve, végète, hurle, chante, bouffe, dans sa chambre/piaule/grotte/gourbi.
Des miasmes du quotidien, soigneusement sécrétés au fil des aléas de l’intime mécanisme, qui dessinent tant bien que mal une étiquette d’homme en devenir. Un territoire balisé, griffé, personnel, qui lentement se développe. La voix d’un jeune garçon mue. Son odeur aussi. Le résultat souvent déraille, dans les graves puis les aigus. Distorsions, atmosphère étrange parfois.
La mère s’agite dans la chambre. Ne reconnait plus l’odeur de son tout petit. De son bébé.
« Il faut que tu nettoies les odeurs de ta chambre » répète t’elle.
L’eau de javel n’y suffira pas. Ouvrir les fenêtres pas davantage. Il est absolument nécessaire de se procurer un produit magique, un remède unique qui détruise, encapsule, annihile tous ces fluides invisibles et retords, qui s’infiltrent partout. « Regarde, mais regarde mon enfant, mon bébé, ces odeurs salissent tout, déforment tout ! »
Dépoussiérer. Frotter. Brosser. Nettoyer et faire briller une odeur. Lui rendre son éclat originel, son vernis transparent, son air vertueux de propreté.
Maman brandit un flacon pistolet, un sent-rien parfumé à l’universel, et pulvérise l’ambiance infâme.
Dézinguées les odeurs privées.
Atomisés les parfums de peau.
Meubles bleu aquarelle, vêtements abandonnés, objets perdus transpirent maintenant l’agent industriel « fleurs naissantes » ou « rosée du matin », enrichi au bouloteur d’odeurs rebelles (une pincée de cyclodextrine) qui remet les curseurs à zéro.
C’est plus simple.
Et tout, oui tout, visiblement… reviendra dans l’ordre.
Oedipe n'aurait pas su mieux le dire
RépondreSupprimerje viens de lire ceci : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/01/04/97001-20110104FILWWW00526-un-parfum-national-pour-la-lituanie.php
RépondreSupprimerHalte à la dictature du "ça doit sentir propre"! Comment une odeur peut-elle être mauvaise ou bonne? Acceptons nos odeurs! Bon après pas trop quand même faut pas exagérer.
RépondreSupprimerBonjour Ambika,
RépondreSupprimerOui c'est complexe ;) ...pardon, pour la remarque à trois balle, le début d'année est difficile !!:)
Bonjour LFLF,
RépondreSupprimerMerci pour ce lien, je suis allez jeter un oeil. Je ne sais quoi dire...
Bonjour Alice,
RépondreSupprimerTu as raison, les odeurs de peaux c'est bon.Je m'insurge régulièrement contre les déo bicotos qui assure pendant 78h...! Assure, quoi ??
Je me relis....des fautes partout dans mes réponses ! Ah ! le début d'année est vraiment difficile...un vrai diesel !Pardon aux lectrices et lecteurs.
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