Naïve et pleine de bonne volonté, les narines déployées et l’esprit en éveil malgré les nombreuses heures de vols -- mon carnet vierge de notes et soigneusement rangé dans la poche extérieure de mon sac afin de l’attraper rapidement, mon stylo prêt à dégainer -- je traverse le tarmac de l’aéroport de Luang Prabang et je suis déconcertée. Je décèle uniquement une chaleur puissante et moite. Ce n’est point mon nez qui fait cette découverte, mais ma peau, qui réagit très rapidement.
Je ne sens rien. Quelques filigranes d’informations, fugitives et furtives. Incompréhensibles. Je commence même à penser : ça ne sent pas bon…Mince alors, je boude. Aucun effluve de paradis ne m’accueille, comme n’importe quel touriste qui débarque reçoit un collier de fleurs odorantes autour de son cou, gracieusement offert par des mains fines et dorées. J’espère de l’authentique, une révélation, un enchantement. Je compte sur une surprenante découverte, tel un Colomb de l’olfaction ! Mais non. Je dois me faire une raison. Tout est normal et, très chaud.
Perplexe, et résignée, je prends le chemin de l’hôtel, à bord d’un mini-van où sévit la fureur de l’air conditionné. Première d’une longue série d’expériences fulgurantes et déconcertantes, de transfert d’une ambiance sèche-linge pour un climat congélateur ventilé. Pas d’effluves caractéristiques dans cet habitacle étroit malgré toutes les figurines de Bouddha ventru, les rubans de vœux aux couleurs vives, et les minuscules marionnettes perchées sur ressorts qui balancent, au rythme des nombreux cachots de la route, leurs bras maigrichons chargés d’offrandes inodores.
Pas de panique.
Le Laos évidement offre une multitude de parfums, de senteurs et de miasmes parfois déroutant. Cependant il faut bien l’avouer, toutes ces odeurs simples ou complexes ne m’ont pas été livrées sur un joli plateau chamarré, assorties d’étiquettes explicatives dès l’instant où j’ai foulé le sol. J’ai du faire preuve de patience.
Aux premiers jours, toutes les données qui défilent entremêlées sous mon nez n’expriment pas grand chose, excepté celles qui piquent l’atmosphère aux heures des repas. Indices basiques, repères fondamentaux, réflexe de bestiole : je passe à table et les saveurs sont à la hauteur des effluves identifiées.
Petit à petit, au fil des journées invariablement chaudes et humides, je perçois quelques soupirs. Je tends le nez et je saisis un rythme. Attentive et silencieuse, je découvre une mélodie qui revient souvent en boucle. J’appréhende une identité et des nuances. Finalement je perds de vue ma bibliothèque à jugeote, garnit des nombreux tiroirs où sont archivés mes références d’occidentale. Je commence à collectionner quelques paniers tressés, pour composer avec la couleur locale, dans lesquels je dépose mes nouvelles rapines.
Mon nez vidangé mode Asie, mes curseurs réglés mode chaleur, ma boite à méninges assemblées mode légo...Je peux débuter ma récolte, fourrager dans mes nouveaux paniers, et partager quelques instantanés subjectifs.
En résumé et dans le désordre :
Le Laos sent la ouate, le bois caramélisé, la fleur des plages.
Le Laos sent les grillades, l’ail, le poisson-pipi
Le Laos sent l’eau, la vase, la mélasse métallique
La terre, les gens et le Fleuve pour l’essentiel, au cœur d’un chaudron de poussière couleur de rouille, de cendre grise et de pots d’échappement pétaradant !
Et des moments inévitables où l’occident se rappelle à ma mémoire…les taxis, la pollution, les déchets, l’aéroport, la lessive
Je ne sens rien. Quelques filigranes d’informations, fugitives et furtives. Incompréhensibles. Je commence même à penser : ça ne sent pas bon…Mince alors, je boude. Aucun effluve de paradis ne m’accueille, comme n’importe quel touriste qui débarque reçoit un collier de fleurs odorantes autour de son cou, gracieusement offert par des mains fines et dorées. J’espère de l’authentique, une révélation, un enchantement. Je compte sur une surprenante découverte, tel un Colomb de l’olfaction ! Mais non. Je dois me faire une raison. Tout est normal et, très chaud.
Perplexe, et résignée, je prends le chemin de l’hôtel, à bord d’un mini-van où sévit la fureur de l’air conditionné. Première d’une longue série d’expériences fulgurantes et déconcertantes, de transfert d’une ambiance sèche-linge pour un climat congélateur ventilé. Pas d’effluves caractéristiques dans cet habitacle étroit malgré toutes les figurines de Bouddha ventru, les rubans de vœux aux couleurs vives, et les minuscules marionnettes perchées sur ressorts qui balancent, au rythme des nombreux cachots de la route, leurs bras maigrichons chargés d’offrandes inodores.
Pas de panique.
Le Laos évidement offre une multitude de parfums, de senteurs et de miasmes parfois déroutant. Cependant il faut bien l’avouer, toutes ces odeurs simples ou complexes ne m’ont pas été livrées sur un joli plateau chamarré, assorties d’étiquettes explicatives dès l’instant où j’ai foulé le sol. J’ai du faire preuve de patience.
Aux premiers jours, toutes les données qui défilent entremêlées sous mon nez n’expriment pas grand chose, excepté celles qui piquent l’atmosphère aux heures des repas. Indices basiques, repères fondamentaux, réflexe de bestiole : je passe à table et les saveurs sont à la hauteur des effluves identifiées.
Petit à petit, au fil des journées invariablement chaudes et humides, je perçois quelques soupirs. Je tends le nez et je saisis un rythme. Attentive et silencieuse, je découvre une mélodie qui revient souvent en boucle. J’appréhende une identité et des nuances. Finalement je perds de vue ma bibliothèque à jugeote, garnit des nombreux tiroirs où sont archivés mes références d’occidentale. Je commence à collectionner quelques paniers tressés, pour composer avec la couleur locale, dans lesquels je dépose mes nouvelles rapines.
Mon nez vidangé mode Asie, mes curseurs réglés mode chaleur, ma boite à méninges assemblées mode légo...Je peux débuter ma récolte, fourrager dans mes nouveaux paniers, et partager quelques instantanés subjectifs.
En résumé et dans le désordre :
Le Laos sent la ouate, le bois caramélisé, la fleur des plages.
Le Laos sent les grillades, l’ail, le poisson-pipi
Le Laos sent l’eau, la vase, la mélasse métallique
La terre, les gens et le Fleuve pour l’essentiel, au cœur d’un chaudron de poussière couleur de rouille, de cendre grise et de pots d’échappement pétaradant !
Et des moments inévitables où l’occident se rappelle à ma mémoire…les taxis, la pollution, les déchets, l’aéroport, la lessive
Je ne sais pas pourquoi mais il y a un parfum qui me rapelle le Laos, surtout la campagne laotienne. C'est Calamus chez Comme des garcons
RépondreSupprimerCéline! Quelle joie de te voir de retour... Dis-moi: cette impression de dépaysement ne serait-elle pas intensifiée par l'attente que tu en avais de lire le paysage olfactivement? Comme si une dimension d'étrangeté s'ajoutait...
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