Devant l’école où elle vient de déposer sa fille, elle croise des parents et des bambins motivés. Elle tend plusieurs fois sa joue, puis l’autre, s’éloigne enfin, un peu en retard, mais souriante, et lance par-dessus son épaule un « bonne journée ! » enjouée. Elle arrive trente minutes plus tard à son bureau, retire sa veste qu'elle dépose sur le dossier de son fauteuil. Elle absorbe au passage une bouffée de l’odeur de sa maison, de son propre parfum qui s’amoncelle spray après spray sur le vêtement. Elle s’engouffre dans le couloir, croise quelques collaborateurs, en embrasse certains, serre la main à d’autres, étreint quelques secondes la manche de l’une, effleure l’épaule d’un autre. Toujours souriante, elle débouche dans la minuscule pièce pause-café. Elle tend la main et récupère son gobelet dans le distributeur. Nouveaux venus. Nouvelles bises. Un dernier « bonne journée » et elle s’en retourne avec sa boisson chaude. Enfin seule, elle porte le breuvage à son nez afin d’en humer l’arôme gourmand. Elle apprécie cet instant éphémère, nez à nez avec son café. Mais la vapeur qui s’échappe n’est qu’une interminable banderole d’échantillons grappillés durant la matinée : des parfums dérobée sur la peau des autres : le Mâle, Habit Rouge, Hugo, mais lequel, Allure, Ombre Rose pour une crème, Mixa lotion, des restes froids de nicotine, Angel, Terre, Aromatic Elixir, Dolce&Gabbana mais lequel, J’adore évidemment, Ushuaia, Tahiti & compagnie, un truc indéchiffrable.
Oh là ! Trop de monde soudain dans son bureau !
Elle sourit, et se demande si demain elle choisira d’être une femme sans bagages, qui n’offre plus sa chair au passage et bascule en salut nippon.
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