Avion du soir.
Paris / Nice
Voix en sourdine telle une comptine
du steward : porte fermée,
toboggan engagé, avion plein à craquer et mise en marche de l’air conditionnée.
liqueur sombre du mazout.
épaisse, râpeuse, mauvais sirop pour
la gorge.
Je déglutis. Tente de vider mes
narines.
tends ma main jusqu’au nombril gris
placé au-dessus de ma tête : un demi-tour dans le sens des aiguilles d’une
montre pour lui clouer le bec.
Je n’ai pas le droit de me lever pour
bâillonner tous les nombrils qui laissent échapper un filet d’air mazouté.
Je me résigne donc
renifle le pet d’avion.
Avion en vol
L’air froid en conserve se faufile
entre les sièges. Tricote, mailles à l’envers endroits, un improbable parfum d’effluves
humains.
Épiderme cuit et moite de fin de
journée
résidus émouvants, des effets du stress, de la fatigue, des miasmes des restaurants, du tabac, du café, camouflés sous quelques sprays furtifs arrachés aux parfumeries tax-free
résidus émouvants, des effets du stress, de la fatigue, des miasmes des restaurants, du tabac, du café, camouflés sous quelques sprays furtifs arrachés aux parfumeries tax-free
un truc fossile, douceâtre, comme le
petit verre de guignolet servit à l’apéritif.
lavande et cannelle mêlée. En résumé.
Avion posé
La porte s’ouvre. Lourde et lente.
Pluie d’été sur le tarmac. Les vapeurs
décollent volutes tièdes du bitume.
un premier baiser effleure mon nez, les
eucalyptus sont en fleurs. Résines lumineuses et froides : poivre vert,
maïs grillé et framboise.
Maison
NB : Le merveilleux parfum
des eucalyptus en fleurs a totalement disparu de l’aéroport de Nice. Tous les
arbres ont été abattus afin de bâtir des parkings. Mais, mon nez cherche
toujours cette odeur si particulière qui m’accueillait depuis l’enfance. L’aéroport
de Nice est aujourd’hui un lieu anonyme, ouvert à l’international, dont la
signature olfactive demeure générique et stable.
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