Ce matin, le radio-réveil annonce que l’état dépressif est sensible aux odeurs. Le nez glissé sous ma couette, j’ouvre les oreilles. Le journaliste expose des études récentes et explique en un résumé succinct, flash info oblige, que "les patients atteints de dépression sévère présentent des troubles olfactifs qui les rendent étrangers aux odeurs agréables".
Nous sommes lundi. Pas de soleil, et la semaine se radine. L’humeur est maussade, faut retourner au quotidien.
Mais de mon côté je n’ai pas d’excuse.
Je suis dans les odeurs soir et matin
Pas de coup de blues.
Pas de chagrin.
Mine réjouie et rire au bord des narines.
Mon cerveau est sous Amphét olfactive. En permanence.
Je suis toujours de bonne humeur. En partance.
Et puis un jour, où tout semblait normal, j’ai commencé à broyer du noir.
Sans raison.
Car il faut bien faire partie d’un pourcentage de la population qui un jour achoppe et tombe dans la dépression.
Et tout s’est embrouillé dans ma tête. Les odeurs et le plaisir. J’ai commencé à perdre un marqueur, puis deux. Puis le reste s’en est allé. J’étais comme enrhumée. Un rhume de cerveau. À ne plus pouvoir sentir, ni ressentir.
Un nez en épave
Une humeur en lambeau.
Le médecin m’a fourgué des cachets, de bons conseils et le printemps à venir. Mon caractère devint plus souple, mes rêves linéaires et sans heurt, mon inventivité au repos. Je ne possédais plus de partis pris ou de libre arbitre. Tout me semblait supportable, les parfums comme le reste, au sein d’une bienveillante neutralité. Je sentais les nuages, la ouate et les plumes de mon duvet. Mes parfums fleuraient bon la farine, la meringue, la semoule et le coton peigné. Les effluves évoluaient en sourdine, feutrés et compassés.
Il m’en a fallu du temps pour finalement supposer une corrélation entre mon état d’esprit et l’état de mon nez.
Il m’en a fallu du temps pour débrouiller l’écheveau compliqué de mes sentiments étroitement noués aux parfums de mon quotidien, constituant cette bibliothèque de senteurs, imposante, féconde, sans doute étouffante.
J’ai offert le temps nécessaire à mon corps et à ma conscience de retracer le chemin des sensations. J’ai pris mon clavier pour dépeindre les odeurs, imaginer des effluves sans lendemain, évoquer des traces anodines pourtant singulières, et, doucement, l’odorat a pointé son nez, je n’étais plus une étrangère.
Hello,
RépondreSupprimerC'est très intéressant, en effet la dépression se traduit souvent par une perte olfactive. De même la maladie d'Alzheimer ou troubles apparentés peut débuter insidieusement par une anosmie partielle. Chez des personnes non sujettes à la dépression, c'est un signe d'appel. Chez les dépressifs " broyeurs de noirs ", c'est souvent signe d'une rechute et de ce mal être si difficile à décrire et à contenir.
Etre de bonne humeur ? Et bien c'est bon pour tout mais ce n'est hélas pas donné à tout le monde je dirais.
Je me demande si la recherche systématiques de parfums ne correspond pas justement à un état dépressif chronique, latent ou caché, je suis persuadée que si, du moins pour certaines personnes. Il me semble que les scientifiques ont établi les propriétés euphorisantes du parfum mais à court terme, ensuite ce serait le contraire.
Quoi qu'il en soit, vive le parfum même si des "pauses" sont très certainement salutaires - j'ai lu avec attention -, il faut bien cela pour rebondir ensuite !
Bonne soirée !
Je ne sais si c'est dû à la crise, à la petite déprime ambiante aux abords de l'hiver, mais il y a pas mal de sorties de parfums récents qui sont extrêmement sucrées, sirupeuses, écoeurantes (genre "La vie est belle" de Lancôme...) Comme s'il fallait compenser l'amertume et l'adversité générale par des jus lénifiants, doucereux... Quand tout ira bien et que le moral sera à nouveau au beau fixe, on sortira des parfums avec des notes amères, soufrées, difficiles, pour équilibrer... (On remarquera que dans la mode, la littérature, dans les arts, c'est bien un peu pareil : quand tout est noir il faut du rose, et réciproquement... :-)
RépondreSupprimerBonjour NLR,
RépondreSupprimerJe ne trouve pas que tout soit noir, même si c'est la conversation du moment. Un net changement, certainement, amorcé depuis quelques années déjà,un équilibre qui flanche, une ligne qui se redessine. Des doutes en sommes...alors tout va bien.
Mais vous avez totalement raison sur le plan de l'analyse marketing...faut du rose dans un flacon noir chic, c'est plus facile à supporter :))
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RépondreSupprimerMerci de ce partage...
RépondreSupprimerCertes, je ne sais heureusement pas ce qu'est perdre l'odorat (sauf avec un rhume et je déteste !)mais je trouve un tel réconfort à me lover dans une odeur rassurante (qui diverge suivant l'heure, l'humeur : santal, chamallow, iris, chocolat chaud, orange confite, cannelle,cèdre... ) en ces jours raccourcis et gris que je ne peux que ressentir une immense empathie envers toute personne qui serait privée de cette possibilité.
C.
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RépondreSupprimerBonjour Dominique,
RépondreSupprimerBigre. C'est la quatrième fois que je tente de répondre à votre commentaire, sans trouver de réponse satisfaisante.D'où mes supressions précedentes. Vos remarques me laisse perplexe. Je ne comprend pas votre approche tour à tour positive et critique. Mélange de certitude et de questions.
En fait, je crois que ce qui me tarabuste dans votre constat, ce sont vos raccourcis et vos confusions. Dans une première partie vous nouez très rapidement un lien étroit entre anosmie et maladie Alzheimer, depression et autres troubles neurologiques. Puis, dans une seconde partie, vous évoquez l'appétente à l'odeur, comme un signe d'un état chronique depressif ou d'euphorie passager (avec effet boomerang) de personnes se voilant la face.
Donc, si vous ai bien lu :
Anosmie = Depression.
Olfaction = Depression
Quelle est votre logique? QUe souhaitez-vous dire ? J'en perd mon nez :)))!
Bonjour C.
RépondreSupprimerEt merci également pour votre partage. Je vous souhaite de belles soirées cocooning aux creux des odeurs :))
Hello,
RépondreSupprimerOui c'est toujours confus avec moi, navrée ! En fait, je voulais juste dire qu'anosmie signait parfois une maladie grave et que la recherche de parfums, la boulimie de parfums plutôt relevait parfois aussi d'un état dépressif sous-jacent. Seulement voilà, trop se parfumer n'est pas pour améliorer l'humeur... Point trop n'en faut disons.
Le sucre, lui, a rigoureusement le même effet sur l'organisme : il reconforte illusoirement dans un 1er temps pour déprimer ensuite. Je ne sais pas si j'ai été ( un peu ) moins confuse ce soir, toujours est-il que la surconsommation de sucre en parfumerie répond sûrement à un besoin, celui d'anesthésier ses peines ou ses soucis dans une conjoncture que l'on dit morose. C'est vrai que dans les parfumeries, on entend très souvent " je souhaite quelque chose de sucré, de gourmand, " et presque jamais quelque chose d'amer ou de sec. Le réconfort temporaire vient du sucre, le vrai réconfort lui vient de parfums infiniment plus travaillés et complexes.
Finalement, anosmie = dépression, olfaction poussée à l'extrême dans la recherche de parfums, toujours plus de parfums = dépression aussi, du moins dans certains cas.
Je pense que le cerveau cherche consolation là où il le peut, dans le cas des parfums c'est heureusement une belle addiction !
Bonjour Dominique,
RépondreSupprimerMerci je comprend mieux le cour de votre reflexion:
A propos des parfums sucrés: ils séduisent car ils évoquent un univer famillier. On sait décrire le goût, plus difficlement les parfums...question d'usage et d'habitude. Aussi quand on choisis un parfum est-il plus simple de parler de ce qu'on aime et connait : le sucre, le doux, les épices...l'amer et l'acide etant des sensations qu'en general nous n'aimons pas deguster. Les femme dans les année 50/70 (avant la crise;)) appréciaient aussi les parfums sucrées et doux, mais ils n'étaient pas imaginés/écrit de la même façon : Femme de Rochas,Mure et Musc de L'artisan Parfumeur, Opium YSL, Dioressence, Youth Dew chez Lauder...