Pierre qui roule, j’ai ramassé de la mousse
Ravie, émerveillée de ma trouvaille, j’ai abandonné mon panier et les trois chanterelles jaune d’or dénichées sous une racine. Entre mes doigts légers, j’ai contemplé la brindille sertie de lichen vert de gris.
Parasite gracile, délicat et raide
Algue terrestre, figée et stérile. Je l’ai porté à mon nez.
Fantasmes et bienheureuse réalité
Chairs d’hommes, tanniques et douces.
Acres, salées et tièdes.
Vivantes et charnelles.
Je conserve la mousse
La porterai à mon nez
Pour le plaisir de rêver
Aux peaux des hommes sans parfum
mousse de chêne: matière naturelle employée dans de nombreux parfums masculin et féminin depuis le début du siècle dernier. Matière noble, mysterieuse et objet de nombreux fantasmes. Un souvenir d'enfance : les ballots de mousse de chênes grossièrement retenus par des sacs de toile de jutte, entassés en pyramide dans l'entrepôt de l'usine avant traitement aux solvants et transformations sous forme d'absolu pour la parfumerie. A l'époque, ce parfum complexe me rassurait et comblait mes sens de gamine gourmande d'odeurs. Aujourd'hui la ville de Grasse ne diffuse plus ces odeurs étranges et sensuelles de mousse, de patchouli, de labdanum, de mimosa, de jasmin....
Cela m'évoque le parfum "Chypre rouge" de Lutens...
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