C’est l’histoire d’un geste mille fois exécutés hiver comme été, par les petits comme par les grands: ouvrir un paquet de chips en un mouvement vif et déterminé. Pincez le sachet de chaque coté. Le papier aluminium proteste, émet un craquement annonciateur de plaisir croustillant. Puis coudes levés, perpendiculaires au corps, effet piston vers l’extérieur vous sentez encore une légère résistance. Enfin, un sifflement tout juste audible fuse et, soudain l’odeur s’échappe, empoigne votre nez dans un souffle bref, crée par un phénomène de pression et d’échange. Aussi sec, le cerveau pédale à perte, ne contrôle plus son émotion d’affamé. La suite, chacun la connait : augmentation du taux de salive ; papilles en paniques, à peines apaisées par le premier flocon salé. Jusqu’au geste de regret, qui clôture l’irrémédiable : sachet tête en bas, plus une miette ; flûte, j’ai soif maintenant.
Et pourtant… Lorsque je laisse trainer mon nez dans un sachet de biscuits apéritifs, quel qu’il soit, le fumet qui s’en dégage n’a vraiment rien de savoureux : vieille espadrille et gant de toilette oublié sur un coin de baignoire, enrobés de graisses déshydratées et de sel. Ensuite, il existe quelques variantes qui camouflent plus ou moins avec bonheur cette incontournable réminiscence de crasse éventée.
Les « TUC » possèdent un puissant parfum de mottes de beurres frais demi-sel, dispersées dans un champ de colza en fleurs, sous le soleil. Les petits fantômes dont mes enfants raffolent, les « Monster Munch » goût salé je précise, émettent une odeur très fade de semoule sèche relevé d’un soupçon de confiture d’abricot dilué dans un peu de lait. Les « Bretzels » sont beurrés comme un caramel au sel enrichi d’un effet carton. Certains « Pringles » bombardent vos narines d’éclats de tomates oubliées au four, de poudre de paprika sèche comme des rognures de crayon, d’oignons à l’odeur d’ail (ou est-ce l’inverse ?) adoucit d’un nuage de crème fraiche aigrelette. Les « Chipster » procurent le sentiment qu’ils ont été badigeonnés de Biafine.
Les « Curly » sont pouacres. Une odeur terriblement crue, rêche et stridente. De raisin vert et de chlore. De citron acide, et de bouée qui fait coincoin, oubliée dans le garage pour l’hiver. Mais cette opinion n’engage que mon nez, et moi.
Le goût, c’est une autre histoire. Un Curly déposé sur la langue fond et diffuse sa saveur, douce, rassurante et salée, de maïs torréfié avec ce fameux reviens’ y de beurre de cacahuète…D’ailleurs je suis certaine que vous avez déjà l’eau à la bouche rien que d’y penser ! Mais l’odeur ?
La prochaine fois, posez un nez-radar au dessus du sachet, et confiez-moi vos impressions !?
Et pourtant… Lorsque je laisse trainer mon nez dans un sachet de biscuits apéritifs, quel qu’il soit, le fumet qui s’en dégage n’a vraiment rien de savoureux : vieille espadrille et gant de toilette oublié sur un coin de baignoire, enrobés de graisses déshydratées et de sel. Ensuite, il existe quelques variantes qui camouflent plus ou moins avec bonheur cette incontournable réminiscence de crasse éventée.
Les « TUC » possèdent un puissant parfum de mottes de beurres frais demi-sel, dispersées dans un champ de colza en fleurs, sous le soleil. Les petits fantômes dont mes enfants raffolent, les « Monster Munch » goût salé je précise, émettent une odeur très fade de semoule sèche relevé d’un soupçon de confiture d’abricot dilué dans un peu de lait. Les « Bretzels » sont beurrés comme un caramel au sel enrichi d’un effet carton. Certains « Pringles » bombardent vos narines d’éclats de tomates oubliées au four, de poudre de paprika sèche comme des rognures de crayon, d’oignons à l’odeur d’ail (ou est-ce l’inverse ?) adoucit d’un nuage de crème fraiche aigrelette. Les « Chipster » procurent le sentiment qu’ils ont été badigeonnés de Biafine.
Les « Curly » sont pouacres. Une odeur terriblement crue, rêche et stridente. De raisin vert et de chlore. De citron acide, et de bouée qui fait coincoin, oubliée dans le garage pour l’hiver. Mais cette opinion n’engage que mon nez, et moi.
Le goût, c’est une autre histoire. Un Curly déposé sur la langue fond et diffuse sa saveur, douce, rassurante et salée, de maïs torréfié avec ce fameux reviens’ y de beurre de cacahuète…D’ailleurs je suis certaine que vous avez déjà l’eau à la bouche rien que d’y penser ! Mais l’odeur ?
La prochaine fois, posez un nez-radar au dessus du sachet, et confiez-moi vos impressions !?
Je n'apprécie que les chips au vinaigre, sûrement mon côté masochiste. Et au bout de trois, l'odorat se bouche dans un geste de défense, ne laissant plus qu'une bouche en feu.
RépondreSupprimerTant que tu garde une bonne oreille et de bon yeux pour attrapper les plus gros morceaux !!Mais cesse de te faire du mal,le vinaigre de ces chips me fait penser au vieux salon de coiffure: mise en plis extra chaude + amoniaque pour une belle couleur et de belle frisettes !
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJ'aime bien la chronique des chips, elle a tendance à me faire saliver rien qu'en la lisant ! Si ce n'est pas de la puissance d'évocation...
Le bon coté de cette chronique portant sur des produits industriels largement diffusés (les biscuits apéro), c'est que chacun peut reproduire l'expérience et se faire sa propre image olfactive.
Je me suis mis à flairer ces petites choses grasses et craquantes qui donnent soif depuis que j'ai lu cette chronique. C'est vrai que souvent les senteurs ne sont pas forcément engageantes à la réflexion (mais en général, on ne réfléchi pas devant une coupelle remplie de biscuits apéritifs, non ?). Par exemple, j'ai testé les 3D's Bugles, ces biscuits en forme de chapeau de lutin : ça sent le vinaigre de vin et le vieux carton sec.
Bonjour Gnou, et merci pour ton experience en tant que testeur...j'avoue, je n'ai pas osé m'enfiler tout le rayon du supermaché. Je vois parfaitement les 3D's mais je n'ai ni goutté, ni sniffé...Ah ! toutes ces experiences qui nous attendent encore !!!
RépondreSupprimerChère Céline, il faut absolument qu'un jour vous puissiez sentir du vrai paprika hongrois, celui que les mamies font dans leur maison au fin fond de la campagne, vous ne pourrez plus jamais dire que les chips sentent le paprika, ni lee saucissons! C'est toute mon enfance, ça, le saucisson que mon grand-père faisait et assaisonnait rien que pour nous de A à Z (un cauchemar, à l'époque, se réveiller à 6h du mat avec le cochon qui crie, mais bon, c'était bio, ça c'est sûr...)! Si j'ose étendre le sujet à la cuisine hongroise, je ne saurais préciser quelles notes me l'ont évoquée, mais "Bois Farine" m'a immédiatement fait penser à certains de nos desserts poudrés au pavot et sucre glace, en connaissez-vous?
RépondreSupprimerMuguette
Bonjour Muguette,
RépondreSupprimerVous me faite un grand plaisir à laisser un commentaire sur chaque post !
J'ai gouté dans le 10em, non loin du Passage Brady où j'ai vécu, de la charcuterie des pays de l'Est effectivement délicieusement parfumée. Le gâteau au pavots fait partie de mes gourmandises...mais je n'avais pas fait le rapport avec Bois Farine. Je me demande si ce n'est pas une question à la fois de texture et de douceur un peu amère et cependant douce, qui vous ont fait ce rapprochement ? Et j'ai découvert également les tomates vertes en saumure !!Un régal!
Vous vivez vraiment vos émotions et vos souvenirs avec vos sens, et votre nez en particulier, c'est un plaisir de lire vos commentaires !! Merci.
Vos compliments me font rougir jusqu'aux oreilles lol C'est un peu normal que j'exprime beaucoup (trop parfois) mes émotions, je ne suis pas violoniste pour rien ;) Quant à vos créations, je n'ai pas encore eu le plaisir de les découvrir, j'attends avec impatience ma prochaine visite à Paris pour cela! Mais portant plusieurs compositions de votre père, je ne doute pas une seconde que les votres valent le voyage! On fait de ces métiers de passion qui se transmettent de génération en génération, c'est un grand avantage de grandir bercé dans cette ambiance et presque impossible de ne pas reprendre le flambeau, n'est-ce pas? Bonne continuation!
RépondreSupprimerMuguette